"Je me définis comme un récepteur, je capte des ondes sonores colorées qui viennent de toutes parts. Et le travail créatif consiste justement à traduire ces sensations en notes musicales"
Alain Peters

Alain Peters, c’est la Liberté créative, une révolution. Né en 1952, Alain Peters était un musicien et poète réunionnais. Initié dès son plus jeune âge à la musique par son père, il intègre l’orchestre de Jules Arlanda à l’âge de 14 ans. A la fin des années 60, avec la découverte de la musique rock, il décide d’abandonner ses études et monte divers groupes (Pop décadence, Les Lords) forcément à la marge… Le tournant décisif a lieu en 1976 lorsqu’avec Les Caméléons, il décide de s’attaquer au répertoire réunionnais populaire, en particulier au maloya en le fusionnant avec un rock ouvert à tous les possibles (textes poétiques en créole, rock psychédélique ou progressif, harmonies compliquées…). Homme perdu, tourmenté, tombé dans le démon de l’alcool, Alain Peters n’est plus que l’hombre de lui-même quand il meure en 1995 à l’âge de 43 ans. Feu follet moderniste peu apprécié à l’époque par les instances culturelles réunionnaises, il faudra du temps pour que son talent soit réhabilité.

C’est à son œuvre que Bruno Girard (Bratsh, YAT) et l’ensemble G!rafe (Nicolas Naudet : clarinette basse, harmonica, cigare box guitare, Stéphane Hoareau : guitare, Eric Groleau : batterie et Théo Girard : basse) ont décidé de s’attaquer. Véritable relecture à vif, les textes sont clamés en français par Bruno Girard pour coller au mieux à la prosodie originale alors que G!rage malaxe, souffle, tempête, restructure se joue d’un post-rock (avec une pointe de la liberté du jazz) influencé par le maloya, mais loin de tout folklorisme, avec des réminiscences des thèmes principaux et des mélodies subtiles dans un esprit de fusion initial, où l’expression est le maître mot. Un bel hommage à cet ami longtemps incompris et trop tôt disparu…