Le groupe britannique revient en ordre dispersé avec un cinquième album tortueux. Exit le batteur Matt Tong depuis 2013 et le bassiste Gordon Moakes en mars 2015 – tous deux se consacrent aujourd’hui à leurs projets respectifs, Red Love et Young Legionnaire. La section rythmique est désormais assurée par Louise Bartle, derrière les fûts, et Justin Harris, auparavant dans Menomena. Un nouveau line-up qui brouille encore un peu plus les pistes (de danse) après les échappées electro hasardeuses du duo originel : Kele Okereke, son leader (The Boxer en 2010, Trick en 2014, des collaborations avec les Chemical Brothers ou… Tiësto), et Russell Lissack, son guitariste (Pin Me Down en 2010).

Certes, les explorations des deux têtes chercheuses sont représentatives de la pop sophistiquée à laquelle Bloc Party nous a toujours habitués, mais son nouvel avatar engendre des pulsions parfois indolentes, souvent discordantes. Un manque d’unité aussi criard que la techno d’auto-tamponneuse de "The Love Within", premier extrait racoleur. Loin du post-punk abrasif et du rock fiévreux des débuts, le moteur créatif se nourrit tour à tour d’étincelles dubstep ("Only He Can Heal Me", "Different Drugs") et d’une vapeur ambient hypnotique ("Fortress", "Living Lux") qui réchauffent plus qu’elles n’électrisent. "The Good News", c’est que le quatuor rallume la flamme le temps du morceau éponyme, dont le refrain et son riff de guitare ressuscitent le "Personal Jesus" de Depeche Mode, et du seul véritable hymne, "Virtue", dernier single en date et parfaite synthèse de la discographie précédente du groupe.

Si la cause peut sembler perdue pour les fans de la première heure, la formation remixée progresse hardiment vers des textures labyrinthiques inédites qui susciteront peut-être un autre Modern Love.