Tragi-comédie d'après l'oeuvre éponyme de Friedrich Dürrenmatt, mise en scène d’Omar Porras, avec Yves Adam, Laurent Boulanger, Olivia Dalric, Peggy Dias, Fanny Duret, Karl Eberhard, Philippe Gouin, Adrien Gygax, Omar Porras, Clara Zahanassian, Gabriel Sklenar et Fredy Porras.
Plusieurs décennies après avoir été bafouée, engrossée et chassée de son village, puis devenue milliardaire grâce à son défunt premier mari qui l'a sortie de la prostitution, Claire Zahanassian y revient en quête de vengeance.
Une vengeance machiavélique puisque, sous couvert d'une justice "sauvage", elle propose au village, dont elle a contribué à la faillite économique, le pactole en échange de la mort du vil séducteur.
Ces thématiques de la cohésion sociale purement conjoncturelle, de la corruption endémique sociale et du bouc émissaire inscrites dans le réalisme social pratiqué au milieu du 20ème siècle par les dramaturges d'obédience brechtienne, sont déclinées dans le genre de la tragi-comédie et le registre du grotesque par Friedrich Dürrenmatt dans "La visite de la vieille dame".
Omar Porras, également au jeu dans le rôle de la vieille dame rafistolée avec prothèses diverses et accent yiddish, signe une mise en scène qui correspond à l'outrance des situations et à la faconde de la troupe de son Teatro Malandro qu'il dirige efficacement.
Et il accentue le côté farcesque de la partition en optant pour le jeu masqué avec des demi-masques bouffons confectionnés par Fredy Porras qui caricaturent à l'envi les personnages.
Tels, par exemple, celui de l'eunuque Boby campé par Karl Eberhard, qui ressemble au Baby Herman, du film de Robert Zemeckis "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" et le petit maire rondouillard interprété par la pétulante Peggy Dias, ce qui, écartant l'identification, impacte également l'aspect réflexif quant à la justice, la culpabilité, la morale et l'exclusion sociale.
Cela étant, Omar Porras répond au desiderata formel de l'auteur et livre un livre un spectacle de bon faiseur placé sous le signe du théâtre de tréteaux mêlant pantomime et guignol.
Avec ses décors en carton façon pop-up, accompagné d'une musique fanfaro-circassienne et dispensé avec truculence, il satisfait aux codes du divertissement populaire et familial qui emporte les rires du public. |