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Théâtre National de Chaillot  (Paris)  janvier 2016

Comédie dramatique d'après des pièces de William Shakespeare, mise en scène de Ivo van Hove, avec Kitty Courbois, Hélène Devos, Fred Goessens, Janni Goslinga, Aus Greidanus jr., Robert de Hoog, Hans Kesting, Hugo Koolschijn, Ramsey Nasr, Chris Nietvelt, Alwin Pulinckx, Bart Slegers, Eelco Smits, Harm Duco Schut, le chanteur Steve Dugardin et les musiciens Konstantin Koev, Daniel Quiles Cascant, Daniel Ruibal Ortigueira, Charlotte Van Passen, Nicolas Villers et le quatuor Blindman.

Les "Kings of War" visent les trois rois, Henri V, Henri VI et Richard III, qui ont gouverné l'Angleterre au 15ème siècle pendant la période de la Guerre de Cent ans et de la Guerre des Deux-Roses, et dont les épopées ont inspiré les pièces historiques éponymes de Shakespeare.

Celles-ci, telles qu'elles résultent d'un travail émérite, la traduction de Bob Klinkenberg, l'adaptation de Bart van den Eynde et la dramaturgie de Peter van Kraaij, ordonnent et soutiennent le propos réflexif sur la thématique du "leadership" proposé par le metteur en scène flamand Ivan van Hove.

Plus précisément, d'une part, celle-ci se développe en cinq thèmes imbriqués : la légitimité du pouvoir, question qui se pose également dans le cadre d'un pouvoir monarchique en raison des arcanes de la dévolution successorale, la dichotomie possible entre pouvoir et gouvernement liée à l'aptitude politique du dirigeant, l'usage d'une des fonctions qualifiées de régaliennes même dans un régime démocratique que constitue la force armée, l'influence déterminante du profil psychologique du "leader" et le rôle "backstage" des reines.

D'autre part, elle se décline de manière kaléiodoscopique à la faveur de la trajectoire, dans un contexte d'instabilite politique, des rois précités. Ainsi, siégeant dans un QG avec cartes et moniteurs, Henri V - Ramsay Nasr en technocrate - bien qu'inexpérimenté, va se révéler aussi engagé qu'efficace en suivant un conseil avisé qui est d'occuper les esprits agités en engageant le pays dans une guerre extérieure fédératrice, en l'occurrence visant à la revendication de la couronne française.

A près sa mort prématurée, le règne de son fils Henri VI, - Eelco Smits en petit employé - homme timoré, érudit et dévot qui rêve d'être berger, reclus dans son appartement-bureau monastique, qui non seulement est incompétent et manipulé par son épouse mais, en sus, réfractaire à l'exercice du pouvoir ce qui, alors même que sa légitimité est contestée, mène à une guerre civile.

Alors que la paix semble revenue sous le règne de Edouard IV, son frère cadet Richard III - incarnation magistrale de Hans Kesting, un pantalon trop court, une veste étriquée et un hémangiome suffisant à camper l'avorton monstrueux - qui tourne comme un ours en cage dans l'enceinte privée d'un salon bourgeois, usurpe le pouvoir après avoir décimé tous les prétendants légitimes non pas tant par goût du pouvoir que par quête de reconnaissance, fut-elle négative, et d'amour dont il a toujours été privé en raison de sa difformité congénitale considérée comme un signe satanique qui le voue à l'exclusion et à l'anathème.

Les personnages en tenue de ville contemporaine se meuvent dans un décor de Jan Versweyveld contextualisé dans les années 1960 et largement inspiré de l'univers du metteur en scène suisse Christoph Marthaler et de l'esthétisme de sa scénographe Anna Viebrock. Ainsi s'y retrouvent dans une sorte de loge rudimentaire, les musiciens à vue, le quatuor de saxophonistes du Collectif Bl!ndman, et le chant, en l'espèce des chants de la Renaissance interprétés par le contre-ténor Steve Dugardin.

Une parenté se manifeste également avec les inserts cocasses et/ou anachroniques tels un écran de télévision diffusant un péplum arthurien, la scène de séduction de Henri V à la manière du grand blond imagine par Francis Veber et les coups de fils irrévérencieux de Richard III qui fait la nique aux grandes puissances via Obama, Poutine et Merkel.

Par ailleurs, Ivo von Hove use abondamment mais judicieusement du procédé de la vidéo en direct pour filmer les scènes, souvent violentes, qui se déroulent hors champ dans un long couloir clinique, le long couloir de la mort et des exactions, caché derrière le décor. Force est de constater la maîtrise scénique qui préside à l'enchaînement fluide et tout aussi convaincant que captivant du triptyque.

La direction d'acteur est à l'avenant. Rigoureuse, elle encadre le jeu choral et homogène des excellents comédiens de la troupe du Toneelgroep d’Amsterdam qui endossent plusieurs rôles de manière circonstanciée et toujours crédible.

Bien évidemment la durée (4 h) et le surtitrage (le spectacle est dispensé en néerlandais) relèvent de l'anecdotisme au regard de cette magistrale leçon de théâtre qui soutient un propos argumenté et interroge le contemporain.

 

MM         
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