Et mes trois premiers qualificatifs sont : insomniaque, voyageur et charnel.
Des mots parfois crus qui balayent les figures de style et les angles arrondis d’un coup de corde bien placé entre le pouce et l’index, Magoarou a la voix sensuelle d’un loup-garou en chasse.
Qui sait ce qu’il fera de vos fesses une fois qu’elles seront entre ses pattes de velours ? "Ils peuvent crever la gueule ouverte ces chiens qui hurlaient avec les loups" ("Une rose au bout des dents"). "Tes illusions te collent dans la merde jusqu’au cou" ("Cap ou pas Cap").
Une musique doucement rock, comme une guitare retenue de la famille folk, sans les banjos. Des rythmes électroniques alanguis qui ondulent, à l’image d’un serpent hypnotique chatouillant les flots de passagers immobiles déversés par un escalator d’aéroport. Immobiles et en mouvement.
Sa dernière conquête, la femme de sa vie ou son meilleur épisode est décrit dans "L’amour debout" (âmes prétendues sensibles, je vous prie de couvrir la lecture de ce paragraphe d’un chaste voile) : "Avec un mouvement de danse, tu remues sur mon sexe ferme jusqu’à ce que l’ultime transe ne lâche en toi un flot de sperme". Et si de nos jours, cette poésie semble trop impudique, replongez donc dans les croustillances de la correspondance Sand-Apollinaire. Magoarou sublime l’amour physique en musique, comme peu d’auteurs savent le faire sans plonger dans la vulgarité. Pas évident, mais réussi.
Le chanteur donne parfois l’impression de chuchoter à haute voix. Il serait cet Edmond Dantès à la voix fatiguée qui souffre de ne pas être entendu du fond de son sombre cachot. Parce qu’on a envie de l’écouter, cet artiste qui a quelque chose à nous raconter, sans crier et sans s’énerver. Magoarou ne hausse jamais le ton, il retient son timbre comme pour nous forcer à tendre l’oreille, ou pour rester l’instrument souffle vocal qui accompagne les cordes chuintées, les cordes pincées, les caisses frappées de bienveillance. Parce qu’il s’agit bien là d’une invitation au rêve et au voyage.
Sensible et militant, il s’accompagne de cœurs d’angelos pour "Regarde les étoiles" : "La terre est en colère, comme on se fout des raisons, la tête en l’air allons, rêvons encore un peu", un titre émouvant sonnant les cloches de la fin du monde, en ajoutant cette indispensable note d’espoir qui fait lever les yeux des poètes et des douces âmes vers l’horizon.
Sans brasser inutilement l’air autour de lui, Magoarou chante ses amours et ses ennuis, les poussant en orbite vers nos amours et nos emmerdes, nos coups de cœurs et nos désespoirs, deux ambivalences peu distinguables mais nourrissant l’une et l’autre du même feu éternel et impitoyable.
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