Alain Gibert fait de la pop, noble mais pas si sentimentale que cela. Tant qu’à parler de noblesse, disons qu’il rentre avec son premier disque Sublime Ordinaire dans le club de ceux qui rendent leurs lettres à une certaine idée d’un renouveau de la variété ou de la chanson Française comme Bertrand Betsch, Dalcan, Arnaud Fleurent-Didier, Alex Beaupain ou Florent Marchet par exemple.
Le chanteur musicien parisien cultive une aimable élégance, une discrétion charmante. Derrière des traits de caractères un peu désuets pour notre époque mais habilement travaillés, ce cache un fin mélodiste ("T’aimer me suffira", "Les rochers d’Along", "L’amour fenêtre ouverte", "Vertigo") et un parolier, intéressé par le cinéma et son jeu d’apparences, l’ordinaire de la vie, par la fausse simplicité des choses. Un parolier qui invente des histoires existentielles, une intimité et qui s’intéresse aux goûts des autres.
Si ce Sublime ordinaire n’ait pas dénué d’une naïveté et de faiblesses qui accompagnent souvent ce genre de premier album, faiblesses que l’on ressent dans des titres plus anecdotiques comme "Hollywood is not for you", "Comme au cinéma", et "Comme Chaplin", il faut toutefois noter sa sophistication, les belles orchestrations et arrangements tout en sobriété interprétés par le quatuor à cordes du violoncelliste Jean-François Assy et les chœurs en filigrane de Laurie Mammoliti.
Une musique parfois d’un autre temps, si nous voulions filer la métaphore cinématographique nous pourrions rapprocher de l’univers de Claude Sautet et donc par ricochets de celui de Philippe Sarde, mais qui reste non dénuée de charme…