Le nouvel album de Manu, La Vérité, sonne comme un retour à ses racines pop-rock. A cette occasion, elle s'est lancée dans une expérience originale, demander à des artistes d'horizons différents de marquer de leur patte musicienne le second single extrait de l'album, "Toi et moi", et mettre toutes ces différentes versions en libre écoute et libre téléchargement sur son site. Ce drôle de jeu a pour nom "Le solo de l'infini".
Le nom de l'album, l'élan de jeunesse sonique qu'on y retrouve et le projet du "solo de l'infini" nous ont, à nous aussi, donné envie jouer. On a donc proposé à Manu et à ses musiciens, Patrick Giordano et Laurent Duval, de se livrer à un jeu de cour de récréation, Action ou Vérité. Devant eux, des enveloppes avec des questions ou des gages. Une "interview" menée par le hasard à laquelle ils ont accepté de répondre avec une bonne dose d'humour, et aussi certainement un zeste d'inconscience.
Vérité - Un guitariste dont tu aurais aimé avoir un solo ?
Manu : Je suis très gâtée parce que j'en ai déjà plein. J'ai lancé plein d'invitations et ils ont tous répondu positivement. Mais j'ai donné une mission à Laurent. Comme il a joué avec Extreme, que tu peux présenter pour ceux qui ne connaîtraient pas...
Laurent : C'est le groupe qui a écrit "More than words", leur guitariste s'appelle Nuno Bettencourt. Manu m'a demandé de prendre contact avec lui pour voir s'il accepterait de faire un solo. L'idée est lancée et c'est en cours.
Manu : Il fait partie des personnes dont j'aimerais vraiment avoir un solo. Il y a aussi Didier Wampas, qui m'a donné son accord de principe. Mais je ne sais pas ce qu'il va faire, et si ce sera de la guitare.
Patrick : Robert Smith a appelé, mais on a refusé.
Action - Faire un des refrains de la vérité a cappella
Vérité - Pourquoi le solo de l'infini ?
Manu : Parce qu'on ne sait pas quand ça va s'arrêter (rires). C'est d'abord Laurent, qui fait partie du groupe, qui l'a joué. On a eu envie de faire venir deux ou trois potes. On a donc d'abord demandé à Nikko (ndlr : Nicolas Bonnière, ancien guitariste de Dolly), Shanka (ndlr : de No One Is Innocent)... Les amis proches. Après je me suis dit que ce serait amusant de demander à d'autres amis parce que ça avait l'air de brancher tout le monde, pas forcément de guitaristes d'ailleurs. J'ai demandé à Damien Jarry avec son violoncelle, Carole Leconte avec son saxo, Christophe Saunière à la Harpe, sa femme Joanne McIver à la cornemuse... J'ai continué. Je me suis retrouvée avec plus de cinquante noms couchés sur une feuille, et tous me répondaient positivement. Avec Patrick, nous nous sommes dit qu'on pouvait continuer à l'infini.
Patrick : Ça change du remix. On a pris contact avec des gens qui viennent du rock, de la pop, du classique, de la musique expérimentale... Un des aspects sympa de ce projet est justement de rencontrer de nouveaux musiciens. Pour certains d'entre eux, on les connaît déjà, mais là on se retrouve autour d'un même projet musical. C'est un délire artistique.
Laurent : Ça permet d'abord de partager, c'est une notion qui manque parfois un peu dans la musique. On regroupe des gens d'horizons différents sur un projet. Chacun donne son idée. Ça permet d'avoir la vision et l'approche de chaque musicien.
Manu : Comme le dit Laurent, la notion de partage est importante pour moi, tout comme pour les gens qui m'entourent. Ça peut paraître naïf de dire ça, mais ça me semble naturel, lorsqu'on fait de la musique, de la faire avec d'autres gens. C'est fédérateur. Les gens viennent et jouent le jeu, qu'ils aient ou non une actualité, qu'ils soient ou non connus du grand public.
Patrick : C'est beaucoup de boulot, mais on rigole bien.
Vérité - Pourquoi le titre d'album "La vérité" ?
Manu : D'abord, c'est un des titres de l'album. Je crois qu'on est dans une période où on a besoin à la fois de réponses et de sincérité. Comme j'ai réalisé l'album à 90% toute seule, et que je ressens très fort ce besoin de sincérité, le titre s'est imposé à moi de lui-même. Sans même parler des politiques, en restant dans le cadre de la musique, il m'arrive d'aller voir des concerts et de ne pas trouver sincère l'attitude de certains groupes sur scène. Ça me fatigue. En ce moment, j'ai l'impression qu'il y a cette demande des gens. On en a marre d'être manipulé.
Alors pourquoi pas "la sincérité" ?
Manu : Je trouve que ce mot fait plus pompeux.
Patrick : C'est un mot moins personnel. Mais appeler l'album "La Vérité", c'est aussi dire qu'il est sincère.
Vérité - Les disques à emmener sur une île déserte (où il y aurait l'électricité) ?
Patrick : Tu peux aussi prendre un phonographe que tu tournes à la main, et le son sort du cornet. Ça marche très bien (rire)
Manu : On en prend un chacun. Patrick, à toi de commencer.
Patrick : Je prendrais un disque des Ween, mais je ne sais pas lequel. Peut-être Quebec ou White Pepper. Pour moi, c'est la groupe le plus complet.
Laurent : ACDC, Highway To Hell.
Manu : L'album blanc des Beatles. C'est celui sur lequel je reviens toujours.
Vérité - Comment se déroule la vie en Vendée ?
Manu : Très bien. C'est la soupape qui me permet de respirer. C'est le retour à la réalité. J'ai une petite maison au bord de la mer. Avec le tourbillon de la sortie de l'album, la tournée, la promo... lorsque je retourne là-bas c'est le bonheur. Ça se passe bien aussi parce que j'ai cette vie agitée à côté. Trop de calme, pour moi, ce n'est pas possible. C'est un équilibre qui me va bien entre l'agitation de Paris où j'ai tous mes amis, mon activité, mon bureau, et le calme de la Vendée. Je préfère élever mon fils en Vendée pour l'instant, même si en grandissant, il va certainement avoir envie d'une vie plus citadine. Mais c'est une belle région, surtout hors-saison. Tu vas courir sur la plage le matin, c'est comme si tu étais le premier homme à poser le pied sur la lune. Il n'y a pas une trace dans le sable. Ça me fait toujours halluciner.
Action - Votre plus belle grimace.
Action - Prends une pose de guitar hero.
Vérité - Le dernier concert où tu es allée ?
Manu : Le mien, au Gibus, pour la sortie de l'album le 4 décembre dernier. J'aurais bien aimé être une petite souris pour me voir. C'était un putain de concert. On était proche de l'extase. Comme à Lyon, ça a été un très beau moment d'échange avec le public.