Monologue dramatique de Gilles Granouillet interprété par Annette Benedetti dans une mise en scène de Jean-Marc Galéra.
Les spectateurs sont dans l'attente de la réunion Parents-Professeurs. Sur la scène, trônent une chaise et un bureau vides. Le professeur principal est en retard.
Depuis la salle, une mère d'élève prend la parole. Pourtant son fils, Burt, n'est plus dans cette école depuis quelques années. Elle a besoin de parler, de témoigner, de se justifier auprès des autres parents. Burt était un enfant difficile, mais elle a essayé de lui faire vivre le destin dont elle-même s'est toujours sentie privée.
"Zoom" raconte le parcours de cette mère et de son fils, des visites des éducateurs et assistantes sociales à leur domicile, des essais de casting où la mère emmène Burt, nommé ainsi en hommage au héros de "Tant qu'il y aura des hommes".
Le texte de Gilles Granouillet évoque avec lucidité un milieu social sans avenir, coincé géographiquement dans des banlieues éloignées, mais aussi dans des clichés et dans les cases des formulaires des services sociaux. Cependant il ne sombre ni dans le misérabilisme ou le pathos, son personnage central décrit ses aventures quotidiennes avec énergie et humour, et il laisse même entrevoir une lueur d'espoir quant à l'avenir du Burt.
On regrettera que la mise en scène de Jean-Marc Galéra, bien que fluide et dynamique, use de la configuration classique au monologue en plaçant l'actrice surelevée sur la scène face au public. Pourtant, au départ, l'héroïne fait partie de ces parents, les spectateurs, venus assister à une réunion. Le dispositif perd de son efficacité en isolant "la mère du Burt", en la laissant s'extraire de la masse plutôt qu'en la laissant au milieu des spectateurs.
Annette Benedetti interprète cette mère qui ne sait pas se faire discrète, qui rit trop fort et quand il ne faut pas, cette mère qui met son fils mal à l'aise. Elle et son fils n'ont pas les mots pour exprimer leurs émotions. La comédienne donne à son personnage l'émotion, la violence rentrée, mais aussi l'humour qui rendent crédible cette héroïne sans qualités.
Elle porte, avec culot et énergie, toute la pièce sur ses épaules et insuffle à son personnage émotion, colère, détresse et rire avec beaucoup de justesse. |