La semaine dernière, Lise ouvrait l'édition 2016 des soirées "OH TAQUET !" à la Loge. Ces soirées sont nées en 2013 à la suite d'un partenariat entre La Loge, le Chantier des Francos à La Rochelle, et Arcadi Île-de-France. Deux artistes participant au Chantier ont l'occasion de perfectionner leur set sur une scène parisienne, dans le cadre d'un rendez-vous régulier, entre deux sessions de travail rochelaises.
Mathilde Forger, Baptiste W. Hamon ou encore Jo Wedin & Jean Felzine ont bénéficié de ce système de soutien à la création lors des précédentes éditions. Les artistes sélectionnés cette année sont Lise et Buridane.
Comme le disait Lise au public en cours de spectacle "Merci d'être venu. Pour la plupart d'entre vous, c'est la première fois que vous me voyez depuis que j'ai abandonné mon piano".
En effet, depuis la sortie de son premier disque en 2011, son projet a énormément évolué. Elle est passée de mélodies essentiellement acoustiques et ornementées de cordes, à des chansons construites autour de rythmes électroniques. De plus, elle a presque entièrement abandonné le français au profit de l'anglais.
Mais puisque Lise vit désormais depuis plusieurs années entre Paris et New York, il y a une logique dans ce parcours. Pas facile en effet de voyager avec un piano droit dans sa valise, un ordinateur et un clavier conviennent mieux à une artiste nomade comme Lise.
C'est My Broken Frame en formation solo, c'est-à-dire Guillaume Léglise, qui ouvre pour Lise. D'habitude le groupe évolue en trio. Lise et Guillaume Léglise se connaissent bien. Il a même remixé certains des nouveaux morceaux de Lise. Guillaume Léglise a le sens de la mélodie et une voix agréable. L'album Black Lake, sorti l'année dernière, révélait une électro délicate. Bien qu'habillé d'un t-shirt à rayures noires et rouges, comme Freddy Kruger, on trouve néanmoins que les compositions, telles qu'interprètées ce soir-là, manquent de griffe. Peut-être la formation solo s'adapte-t-elle mal à la scène, mais l'ensemble donne l'impression d'un manque de lâcher-prise derrière le savoir-faire évident.
Lise, habillée de noir, short avec strass et t-shirt brillant, se tient face au public, jouant de deux claviers en même temps, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. Sa position, les lumières qui se reflètent sur ses vêtement me font penser à l'emblème de Starfleet, la flotte de la Fédération des planètes unies dans Star Trek. Les sons qui sortent des claviers de Lise ne sont certainement pas étrangers à cette réminiscence. C'est avec les Buggles, groupe de la fin des années 70 oscillant entre rock progressif et synthpop, que Lise semble avoir des liens. L'adaptation française de leur hit "Video Killed The Radio Star" était chantée par Ringo, le mari de Sheila, sous le titre "Dites-moi qui est ce grand corbeau noir". L'entrée en scène de Lise, là encore, me renvoie dans cette zone espace-temps.
Cependant les envolées vocales de Lise la rapproche des univers de Björk, Bat for Lashes, voire Joanna Newsom, tandis que musicalement les sons et le mélodies trouvent une filiation avec Crystal Castles ou Beach House. Pour ce premier des trois concerts de Lise à la Loge, Lockhart était derrière la console. Le mois prochain, c'est lui qui officiera en première partie.
Sans que cela ait à voir avec dream pop, on pourrait parler de synthpop rêveuse pour définir ce tournant dans l'évolution créatrice de Lise. Rendez-vous est pris pour observer en temps réel, dès le mois prochain, les nouveautés qui viendront émailler ce beau projet. |