Textes de Marilyn Monroe dits par Caroline Ducey dans une mise en scène de Marie-Sohna Condé et David Lanzmann.
Iconifiée de son vivant, mythifiée par sa mort prématurée, un demi-siècle après sa mort Marilyn Monroe est devenue une star des libraires avec moult publications, de l'essai-fiction, "Marilyn, dernières séances" à la biographie, "Confession inachevée" également portées sur scène.
D'un recueil de manuscrits inédits de Marilyn Monroe paru en 2010 sous le titre "Fragments" est né une partition monologale éponyme focalisée sur ses deux ultimes années placées sous le signe du combat des pulsions de vie et de mort. 1960, décennie fatale pour Marilyn avec le tournage houleux et éprouvant du film crépusculaire "Les Désaxés", son divorce avec Arthur Miller et un cauchemardesque internement psychiatrique mais également une vitalité forcée pour conjurer ses démons intérieurs.
Une sélection de fragments permet une approche par touches impressionnistes de l'auteure de ces textes intimes victime d'une imbrication schizoide entre une femme immature, Norma Jean, la figure de l'actrice et le personnage de Marilyn, créature fabriquée par Hollwywood et qu'elle a largement contribué à peaufiner en objet de désir, confondant désir et amour, et qui est devenu un double dévorant.
Cela en forme de seul en scène, quoi que pas vraiment, puisque le parti-pris des metteurs en scène, Marie-Sohna Condé et David Lanzmann, tient à superposer au texte un dispensable habillage musical parasitant, une ambiance jazzy-club au demeurant anachronique avec le fond du propos, d'autant plus invasif que dispensé en direct par deux musiciens ostensiblement installés à cour et à jardin qui phagocytent l'espace scénique.
Après un long noir durant lequel une voix off égrène le texte de l'hagiographique éloge funèbre prononcé par Lee Strasberg, et heureusement bien mise en lumières par Michel Gueldry, une jeune femme, judicieusement dépourvue,de toute ressemblance physique comme de velléité de mimétisme avec l'immortel sex symbol, fascine le spectateur qui peut se focaliser sur sa seule présence.
Belle et inattendue révélation, l'actrice Caroline Ducey porte magnifiquement le tragique de la situation et la voix d'une âme tourmentée prise en étau entre un désespoir existentiel sans résilience, l'angoisse de la folie héréditaire, un irréductible et lucide sentiment de solitude et un sentiment d'échec total que révèle ces bribes intimes. |