Cabaret musical conçu par Christian Bruster et Marion Dhombres et interprété par Karine Audebert, Christian Bruster, Emilie Rose Bry, Marion Dhombres, Marie Saadi (en alternance Anne Derouard et Sophie-Nouchka Wemel) accompagnées au piano par Roch Havet.

De Jean-Paul Farré aux DésaXés, en passant par la Framboise Frivole, les spectacles comico-classiques sont légion.

Avec "Les Deevaz'", c'est au tour de quatre chanteuses d'opéra d'entrer dans la ronde avec la ferme intention de faire rire tous les publics.

Marion Dhombres, soprano, à l'origine du projet s'est entourée de Marie Saadi et d'Emilie Rose Bry, elles aussi sopranos, et de Karine Audebert, alto, pour ce feu d'artifice musical qui vise à la fois les mélomanes et les néophytes.

En effet, toutes les quatre ne sont pas des recalés de la Scala, mais d'excellentes jeunes interprètes qui ont déjà arpenté bien des scènes prestigieuses. Elles enchanteront les connaisseurs et contribueront à initier ceux qui n'y connaissent rien.

Pour cela, sauf intermède Disney, il ne sera pas question, comme souvent dans ce genre de spectacles, d'interpréter des standards de la pop ou de la variété, façon Florence Jenkins Foster (la modèle de "Marguerite").

Non, les "Deevaz" s'en tiennent à des airs d'opéra, de bel canto et de comédies musicales. Si elles osent "les Haricots" mitonnés par Francis Lopez pour Bourvil dans "La route fleurie", elles ont le bon goût de chanter Gounod, Mozart, Verdi, Puccini, Wagner et tutti quanti.

On les verra s'empoigner dans des sketchs hilarants, passer notamment une audition qui sent le vécu, toujours au service de la musique et de la bonne humeur. Elles flirteront aussi avec l'émotion quand elles évoqueront Purcell via Klaus Nomi.

Pour que le spectacle soit grandiose comme à l'opéra avec cependant une bien petite scène, elles s'appuient sur une équipe technique épatante. Ici, les changements de costumes paraissent permanents et l'on saluera la créativité de Véronique Savin qui donne à voir de superbes tenues colorées, avec moult détails plein d'esprit, éclairées parfaitement par Nicolas Laprun.

Autre élément-clé : leur accompagnateur. Toute diva a besoin du sien. Celui de Bianca Castafiore s'appelait Wagner, celui des "Deevaz'" a la modestie de s'appeler Roch Havet, musicien de renom qui apporte son flegme de barbu chauve tenté par la perruque. Si l'on veut trouver à redire, on suggérera à Christian Bruster, auteur des textes et de la mise en scène, de se débarrasser d'une voix-off inutile et peut-être d'améliorer quelques transitions entre des saynètes qu'il sait par ailleurs rendre alertes.

Mais tout cela n'empêche pas de passer une belle soirée en compagnie de belles voix qui ne se prennent pas au sérieux. Pourtant, elles gagnent leur pari : les ignares le seront moins en sortant pendant que les aficionados auront soigneusement noté le nom de ces quatre "Deevaz'" afin de les revoir bientôt sur des plateaux plus classiques.