Seul en scène écrit par Nicolas Koretzky et Franck Lee Joseph et interprété par Nicolas Koretzky dans une mise en scène de Thierry Harcourt.
Après "Nicolas Koretzky sort ses monstres", Nicolas Koretzky et Franck Lee Joseph trempent à nouveau leur plume dans le même encrier de l'humour satirique et de l'écriture pamphlétaire pour concocter un second one-man-show décapant placé sous l'aune du politiquement incorrect.
Plus exactement un seul en scène, car ni machine à vannes, ni stand-up, ni galerie de caricatures, construit comme un mini-biopic imaginaire, qui sert de trame pour épingler les travers et les dérives sociétales d'un monde contemporain en situation pré-apocalyptique, et dont le le titre, "Point de rupture", est directement inspiré par la stratégie marketing de l’obsolescence programmée.
Tout commence, et finira, avec un extra-terrestre ayant revêtu une apparence humaine, mais trahi par ses antennes terminées par de petites boules à facettes, faisant son rapport sur un monde devenu fou à travers la prise de conscience d'un jeune homme, prénommé Noé, comme celui du fameux déluge.
Alors qu'il n'est jamais incarné, son parcours, des leçons de marketing d'une école supérieure d'arts appliqués à la décroissance, sert de trame à un tir tous azimuths, non à boulets rouges mais façon fusil électronique "vaporisateur", sur moultes thématiques contemporaines au rang desquelles l'impérialisme économique, la dictature du consumérisme, la société du spectacle, l'illusion démocratique, l'immoramlité politique, la servitude volontaire, le vampirisme numérique, la manipulation médiatique, la "morphinisation" télévisuelle et l'utopie de la décroissance.
La partition est scandée par une petite dizaine de personnages, dont certains ciblés, "toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé est purement fait exprès" dixit les auteurs, qui naviguent entre candeur, idéalisme, prosaïsme et cynisme.
Attention cela va très vite car Thierry Harcourt, à la mise en scène, impulse un rythme soutenu. Au jeu, dans un dispositif scénographique aussi simple que malin, Nicolas Koretzky, acteur confirmé, endosse figures et discours tous aussi inattendus que réussis, et dont la primeur est laissée au spectateur.
La satire est intelligente, l'humour adopte les couleurs de l'arc-en ciel et l'officiant convainc. A voir donc pour rire, quand il est encore temps, du tragique, et peut-être, si ce n'est faire machine arrière toute, savoir appuyer sur la pédale de frein avant de foncer dans le mur. |