Monologue dramatique écrit et interprété par Élie Pressmann dans une mise en scène de Catherine Hubeau.
Ce petit garçon-là, l’auteur a choisi d’en parler à la troisième personne plutôt qu’à la première mais c’est bien de lui qu’il s’agit.
Avec "Un petit garçon", Elie Pressmann relate ses années d’enfance, celles qui ont compté et comptent encore. Celles qui marqueront à jamais sa vie, lui qui la verra depuis à travers le regard de cet enfant qu’il a été. Et qu’il demeure pour toujours.
Une table et une chaise d’où il commence à raconter, et puis très rapidement, l’auteur-comédien se déplace et "danse" sa vie avec une sincérité non-feinte, parce qu’il a été danseur et conserve une énergie formidable dans le corps et les gestes. La douceur de sa voix, la pétillance de son regard et le feu qui le traverse lorsqu’il revit toutes ces années mouvementées rendent ce récit particulièrement intime et émouvant.
Le petit garçon en fuite malgré lui, d’abord avec ses sœurs puis chez les bonnes sœurs, nous fait revivre des événements tragiques avec une telle simplicité, une telle pudeur et une telle délicatesse que c’en est bouleversant. Nous le suivons lors de son "exode féminin" avec ses sœurs, puis à Saint-Martin de Ré.
Nous tremblons lorsque qu’il échappe à la rafle "Vent printanier" (nom de code de la rafle du Vel d’Hiv). Nous vivons avec lui la palpitante arrivée de nuit à Vierzon pour franchir la ligne de démarcation.
Tout le sel et l’humour d’anecdotes vécues sont mis en valeur par un comédien attachant au sourire gourmand qui se souvient avec émerveillement du miracle d’une tranche de pain beurrée, tout en nous en faisant presque éprouver le goût… Quand la mémoire de la tête le trahit, c’est la mémoire du cœur qui se souvient et prend le relai.
Le comédien, sobrement dirigé par Catherine Hubeau dans une belle économie de moyens n’a besoin que de ses yeux d’enfants et d’un sourire désarmant pour nous toucher au cœur avec cette histoire de vie qu’on n’est pas prêt d’oublier. Bien sûr, il y a des moments plus durs telle la longue, si longue attente de sa mère disparue qu’il ne reverra pas (elle qui poussera sa fille dans les escaliers de la gare de Lyon pour la faire échapper aux camps).
Mais de tout cela, Elie Pressmann, d’une plume fine et gracieuse, a choisi de ne garder que le meilleur avec un éternel optimisme. Optimisme sans doute largement hérité de son ami Antoine Besson, l’homme qui le recueillera avec sa famille dans les montagnes de Savoie et deviendra un modèle de vie et d’humanisme.
C’est cette pudeur qui nous émeut le plus dans "Un petit garçon". N’hésitez pas à aller partager ce bouleversant témoignage plein de simplicité et de vérité raconté par un auteur-comédien d’une rare élégance. |