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Interview  (Le 106, Rouen)  jeudi 31 mars 2016

Sensation de ce début d’année 2016, avec la parution de leur premier album Mémoires Vives (label Entreprise), les quatre membres de Grand Blanc (Benoit, Camille, Luc et Vincent) actuellement en tournée hexagonale et européenne nous ont accordé quelques minutes entre la balance et leur concert au 106 à Rouen. Rencontre avec des jeunes gens modernes...

Vous êtes pour la plupart originaires de l’est de la France (Metz), région ayant connu des périodes de sinistrose sociale, région perçue comme triste, sombre, voire source d’ennui, à l’image des villes du nord de la France ou de l’Angleterre, et l’on ressent autant dans vos textes que dans votre musique ce même environnement anxiogène, froid et sombre, existe-t-il un rapport avec cette origine messine ?

Benoit : La région a effectivement connu des périodes bien pourries, ça a commencé avec la fermeture des mines, puis ensuite les sites sidérurgiques, et pour finir les usines… On n’a pas vécu toutes ces périodes, on est tous né pour la plupart à partir de 89, mais tout ce tissu, cette culture ouvrière fait partie de notre patrimoine. Camille, par exemple est issue d’une famille d’immigrés italiens qui est arrivée dans l’est de la France et s’est retrouvée à casser du cailloux à la mine. Luc habitait à proximité des hauts fourneaux au cœur des sites miniers, mon grand-père bossait dans la sidérurgie, en fin de compte on a tous baigné dans cet univers. On fait souvent des blagues dans nos chansons, assez noires et crasseuses, on a appris à vivre et à rire avec ces sentiments de loose, de zone, de friches, d’ennui...

Camille : On prend du bon côté la loose, la beautiful loose, fumer des clopes au bord de l’eau, faire des tours de bagnoles, on essaie d’en tirer quelque chose de beau…

Benoit : Quand le groupe s’est monté et qu’on est parti à Paris, on s’est rendu compte qu’on avait quelque chose en nous de bien spécifique, dû à notre région, à notre vécu, et à cette partie charnière de l’existence, à laquelle tu te façonnes soit en tant que jeune adulte ou grand enfant, ça nous faisait des récits d’expériences à raconter, et comme on a sorti un disque à ce moment où l’on sortait de notre adolescence, on avait envie d’utiliser cet espace de nos vies, c’est notre culture…

Il y a un mot qui revient régulièrement pour caractériser Grand Blanc, c'est le mot urbain.

Ben : Ce n’est pas l’urbanité qui tient une place importante pour nous, c’est la ville. On ne veut pas être dans un mouvement de musique de "gens de la ville", on veut juste utiliser celle-ci pour y raconter tout ce que l’on peut y vivre. Mais il n’y a pas que la ville qui compte dans notre univers, notre LP s‘appelle Mémoires vives, on se projette plus dans un contexte dans lequel on écrit d’abord les textes, et ensuite les sons et les mélodies arrivent. Notre musique, on essaie de la tailler pour qu’elle exprime notre vie contemporaine, notre quotidien, les heures numériques quotidiennes, le métro, les voisins, les rencontres...

Le son de Grand Blanc est autant rock qu’electro, avec des influences hip-hop, mais aussi teinté de la noirceur de la cold wave.

Camille : Dans le groupe, on est quatre à composer, à avoir chacun des idées, à tous amener nos réflexions, un véritable brassage. Ce qui fait au final quatre cerveaux pour une seule chanson, cependant on retrouve toujours un fil conducteur commun à la fin des morceaux, le quelque chose qui nous ressemble et nous rassemble. Par contre, il y a toujours cette identité Grand Blanc, due à la fois à la voix grave de Ben, à ma voix plus éthérée et à ce son assez froid. En fait, on ne s’interdit aucune direction musicale à partir du moment où on l’on y retrouve tous cette cohérence.

Un parallèle est régulièrement fait avec Grand blanc, avec d’une part le côté sombre et froid de Joy Division, et de l’autre vos textes dans une lignée Bashung ?

Camille : Bashung et Joy Division font partie des gens que l’on écoute mais pas seulement, ils font partie du grand arc de cercle de notre culture musicale, arc dans lequel tu peux ajouter de l’électro, du hip-hop, du rock… On a découvert Joy Division et Bashung après, mais paradoxalement ils n’ont jamais fait partie de nos mentors, même si on les admire beaucoup et que l’on se sent très flatté de la comparaison, je pense qu’inconsciemment ils font partie de ceux qui nous ont influencés.

Benoit : Bashung, on l’a découvert assez tard, ce sont d’ailleurs les gens qui écoutaient Grand Blanc et trouvaient une proximité qui nous ont conseillé de le découvrir. Quand on s’est musicalement construit c’était assez hasardeux, on cherchait des repères, on n’avait pas de projet musical arrêté. On venait pour la plupart d’horizons musicaux classiques dans lesquels on s’ennuyait un peu, du coup on bouffait pleins de disques très différents. Les textes de Bashung ont vraiment compté pour moi. Joy Division, en jouant deux notes, ils arrivaient à avoir une puissance incroyable, sans forcément une grande technique ; les influences de Grand Blanc, elles n’étaient pas là avant, on a essayé de trouver des repères, finalement, c’est bénéfique de continuer à courir après notre projet sans forcément s’être forgé des repères, ça nous oblige à continuer à écouter des disques, à découvrir perpétuellement la musique…

Camille : On est libre dans le sens où on n’a pas monté le groupe avec un son précis à reproduire, on a toujours écouté des morceaux, des artistes, sans forcément s’arrêter dessus en se tapant toute leur discographie ; parmi les sons ou artistes qu’on a écoutés, on a gardé des fragments de sons, d’idées, de voix, de constructions que ce soit autant avec la musique indus des 80’s que le rock, on s’est nourri de toutes les influences.

Depuis quelques temps, plusieurs groupes émergent parmi lesquels, entre autres on peut citer Grand Blanc, La Femme, Bagarre, Moodoid, Feu Chatterton, Flavien Berger, comme une similitude avec l’époque des jeunes gens modernes, ces groupes qui arrivaient avec un son, une attitude, et une démarche autant musicale qu’hédoniste et visuelle.

Benoit : Et Marie et les Garçons avec qui j’étais en coloc… Je n’ai pas vu l’expo, ce qui m’intéresse avec ce mouvement, c’est ce côté non calculé, ce côté fortuit, ce hasard qui arrive sans être attendu, c’est ce côté qui nous intéresse.

Camille : Ils étaient arrivés là dans un contexte particulier, et rapidement il fallait qu’il y ait des disques enregistrés, des articles, des concerts… J’ai l’impression que c’était une sorte de mouvement qui s’est vite retrouvé muséifié, rangé dans une catégorie… Aujourd’hui, les médias parlent d’une scène française, les labels adorent signer des groupes similaires mais entre nous, musicalement on n’a pas grand-chose à voir, on ne fait pas du psyché comme Moodoid, de l’électro expérimentale comme Flavien Berger, du rock yéyé psyché comme La Femme, on a ce point commun d’arriver en même temps et de chanter en français. Par contre, quand on se croise sur la route, on est content de se retrouver, on s’entend plutôt bien et on est très heureux qu’il se passe un truc, que des jeunes gens fassent de la bonne musique, défendent leurs idées…

Il y aussi chez Grand Blanc, une empreinte visuelle, ne serait-ce que dans les clips ("Montparnasse", "Surprise party", "L’homme serpent").

Benoit : Au risque de décevoir, c’est un pur hasard, étant donné que nous ne sommes ni plasticiens, photographes, ou réalisateurs, on délègue cet univers à d’autres. On laisse notre univers, à la portée de tous, chacun peut se l’approprier à condition qu’un climat de confiance s’instaure avec nous, c’est ce qui s’est passé avec Max Vatblé (réalisateur de "Surprise Party"), il a saisi notre univers et notre espace disponible, sa vision collait de manière implicite à ce que l’on attendait. On se concentre essentiellement sur la partie que l’on maîtrise, la musique…

Luc : On tient quand même à garder un œil et un contrôle là-dessus.

Le groupe : En plus on n’arrive jamais à s’entendre sur ce que l’on veut au niveau des clips, de la photo… C’est source d’engueulades (rires unanimes).

L’album est très bien accueilli, autant par la presse que par le public.

Benoit : On rencontre beaucoup de personnes dans les concerts, on échange, le retour des gens est positif, le groupe devient un peu plus connu… Après, c’est difficile de jauger le retour avec la presse, tout ce que l’on a vu c’est que l’album ne s’est pas fait assassiner.

Luc : Même si on fait un petit saut en avant, ce n’est pas non plus un big jump.

Camille : On essaie surtout de garder en tête qu’on a deux lieux d’expression, le studio et la scène, des choses que l’on maîtrise. Si on commence à trop se focaliser sur ce qui se passe autour, il y aurait un risque d’y perdre la tête...

 

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En savoir plus :
Grand Blanc sur le site des Disques Entreprise
Le Bandcamp de Grand Blanc
Le Soundcloud de Grand Blanc
Le Facebook de Grand Blanc


Sébastien Dupressoir         
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