Monologue écrit et interprété par Philippe Maymat dans une mise en scène de Laurent Fraunié.
Philippe Maymat est un narcissique modeste. Comme Philippe Delerm, il pense que porter une veste de survêtement Adidas des années 196O va lui permettre d'intéresser des spectateurs de moins de 40 ans à son enfance de quinquagénaire.
Qu'il va lui suffire d'évoquer le nom de Pelé et celui de Bobby Charlton pour que l'assistance communie avec lui au souvenir de la Coupe du Monde 1966. Qu'il peut passer l'indicatif de l'Eurovision, la musique de "Thibaud des Croisades" pour que des "pas nés" à l'époque ressentent tout l'effet nostalgique que cela a pour lui.
Le pire, c'est qu'il a raison ! Après tout, ses souvenirs de judoka, de scout peureux et ses chamailleries avec son grand frère, on peut les comprendre à tous les âges et puis, une série à succès moderne comme "le Journal d'un dégonflé" traite de thèmes voisins.
Et puis, Philippe Maymat met le paquet question interprétation. Dans la mise en scène alerte de son complice Laurent Fraunié, il est toujours en mouvement et tient captif son auditoire avec sa belle voix grave et avec pour arguments seulement une chaise et un tapis pour réussir des roulades avant.
Si on peut lui reprocher quelque chose, c'est de limiter essentiellement sa machine à remonter le temps au sport et à la télé. On aura donc droit à la demi finale France-Allemagne en 1982, à Noah à Roland Garros en 1983 et pour, quand même parler politique, à la victoire du Polonais Kozakiewciz au saut à la perche à Moscou en 1980 en pleine effervescence de Solidarnosc...
On devra aussi rêver à "Isabelle" des Poppies ("Elle avait dix ans, elle était belle") pour finir avec un point toujours commun avec aujourd'hui : Luke Skywalker et son sombre papa Dark Vador.
Presque aussi référentiel que Georges Perec dans ses "Je me souviens", Philippe Maymat en convaincra beaucoup et en agacera quelques-uns, notamment ceux qui n'auront pas osé tenter son pari - réussi - , celui d'imposer à plus jeune qu'eux une enfance déjà ancienne, grâce à une conviction inébranlable, celle qui affirme que toutes les jeunesses se valent quand on n'en retient que les bons moments. |