Réalisé par John Goldschmidt. Grande Bretagne/Hongrie. Comédie dramatique. 1h34 (Sortie le mai 2016). Avec Jonathan Pryce, Malachi Kirby, Daniel Caltagirone, Ian Hart, Philip Davis, Pauline Collins, Andrew et Jerome Holder.
Qui n'a pas compris la différence entre l'intégration à la française et le communautarisme à l'anglaise devrait impérativement aller voir "Dough" de John Goldsmith.
Que cette comédie sans prétention, le modèle de ce qu'on appelle le "feel good movie", puisse susciter une étude sociologique étonnera, mais on pourra y étudier comment un boulanger juif et un jeune réfugié noir et musulman du Darfour peuvent faire la paire sans avoir besoin de saluer l'Union Jack ou être supporter du même club de foot.
Leur point commun : le mot "dough". Pour l'un, Nat, "dough" signifie "pâte à pain, pâte à pétrir", et c'est sa vie depuis toujours. Pour l'autre, Ayyash, "dough" veut dire "pognon" et c'est ce dont il a besoin pour quitter le logement pourri où il vit avec sa mère.
Et, donc, par l'astuce d'un scénariste, l'un et l'autre vont se retrouver dans le même pétrin. Au pain traditionnel, béni en yiddish par Nat, Ayyash va ajouter un condiment imprévu et illégal, une herbe qui rendra heureux les communautaires de toutes obédiences...
Pétri de bons sentiments, "Dough" de John Goldschmidt vaut d'abord pour l'interprétation de l'immense Jonathan Pryce, qui fut jadis le héros lobotomisé de "Brazil" et qui incarne avec une infinie humanité Nat Dayan, le boulanger qui veut sauver la boulangerie familiale dans un monde hostile.
Bien entendu, il y aura des dealers et des promoteurs immobiliers peu scrupuleux et il faudra l'entente cordiale du petit Black et du vieux Juif pour que triomphe le Bien du Mal et que leurs cookies et leurs donuts continuent d'alimenter les sujets de sa Gracieuse Majesté.
On félicitera aussi le réalisateur pour la qualité de son casting et de sa direction d'acteurs, car, mine de rien, il y a dans son film beaucoup de jolis rôles, l'esquisse de nombreux récits parallèles et quelques moments singuliers, tel celui où le jeune Ayyash visite son fournisseur et que l'on découvre l'étonnant endroit où il produit ses "herbes".
Avec "Dough" de John Goldschmidt, le cinéma de divertissement retrouve ses lettres de noblesse et l'on rêvera pendant sa projection que le monde rêvé qu'il décrit puisse un jour devenir une réalité. |