A la base, ce n'était pas gagné... Je me disais, à 23h30, en plein Berry, au Café du Commerce, il n'y aura personne... En plus, jazz manouche mêlé à de la chanson française, ce n'est pas forcément ma tasse de thé (ou mon verre de bière, c'est selon les circonstances)...
Mais (heureusement il y a toujours un mais) le groupe Karpatt et leur prestation m'ont fait finir la soirée en beauté, avec le sourire.
Tout d'abord, parlons de la déco du bar, kitschouille à souhait mais magnifique en même temps, rien n'est à changer... Les couleurs berlingots, les moulures, non y'a rien à redire. En plus, le concert se déroule dans une salle un peu à part (rare pour un bar), où l'on est debout devant la scène. Et le public est là, nombreux (ouh que j'ai été mauvaise langue...), il y a même des fans qui chantent à tue tête.
Enfin, le groupe Karpatt débarque, avec son petit univers fait de petits riens qui font tout : trois paravents qui arborent des esquisses de visages, belles et troublantes, une contrebasse transformée en vraie œuvre d'art, un ptit chapeau, deux guitares sèches et c'est parti !
Forts de l'expérience de leurs nombreux concerts, on sent que les trois loustics sont habitués. Habitués au public, à la proximité, aux conditions... Le courant passe immédiatement. Entre humour et émotion, les interventions du chanteur et guitariste Fred sont toutes bien placées, sans trop en faire. Le contrebassiste Hervé fait le clown, partage avec le public et enfin, Gaétan, à la guitare, donne tout en réserve. Ce trio nous livre une musique acoustique et manouche, avec des paroles simples, poétiques, et drôles à la fois. On croit parfois entendre des influences du grand monsieur Brassens.
L'ambiance est là, les mains claquent, les fessiers se remuent, la musique de Karpatt est efficace. Le groupe prend un réel plaisir à jouer, à être ici, dans un petit bistrot de campagne, univers qu'ils apprécient et dominent totalement.
Et nous, à la fin, après cette belle aventure autant humaine que musicale (même si on attendait peut-être davantage de solos musicaux, d'impros, et l'apport d'autres sonorités, comme ce beau mais timide essai à la trompette par leur complice Julie) on n'a qu'une envie, c'est de serrer dans nos bras ces trois gaillards et leur dire un grand merci pour cette belle soirée. Ils ont sué corps et âme pour nous, rien que pour nous, dans notre petit havre de paix berrichon...
Longue vie au festival L'Air du Temps, qui mérite un grand succès...
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