Opéra de Claudio Monteverdi, mise en scène de Julie Berès, avec Pauline Texier, Tomasz Kumiega, Laure Poissonnier, Emanuela Pascu, Gemma Ní Bhriain, Andriy Gnatiuk, Mikhail Timoshenko, Damien Pass, Yu Shao, Alban Dufourt et Adèle Carlier.
Joué pour la première fois en 1607, "L'Orfeo" de Claudio Monteverdi inaugure une nouvelle forme de drame lyrique et annonce les débuts du baroque.
Cette œuvre contant les amours tragiques d'Orphée et d'Eurydice, l'un des épisodes les plus célèbres de la mythologie grecque, débute joyeusement avec le mariage du héros grec et de sa bien-aimée.
Mais, dès le deuxième acte, Orphée apprend la mort d'Eurydice. Dès lors, il n'a de cesse que de la retrouver aux Enfers. Les Dieux lui permettent exceptionnellement de venir la retrouver et de la ramener au pays des vivants, à la condition qu'il ne cherche pas à la regarder. C'est évidemment une épreuve au-dessus de ses forces...
Alternant une allègre musique champêtre pleine des chants des Nymphes et des Bergers, et les plaintes d'Orphée héros vaincu par sa douleur intime, "L'Orfeo" est d'une grande expressivité. Le livret d'Alessandro Striggio a retenu les leçons des "Géorgiques" de Virgile et celles de "La Divine Comédie" de Dante.
Dans sa mise en scène, Julia Berès commence par souscrire au beau livre d'images de la noce campagnarde dans une scénographie de Julien Peissel dans laquelle domine le vert des étendues gazonnées et des forêts ombreuses, rehaussé par les splendides costumes d'Aurore Thibout. Puis, viennent les sombres couleurs des Enfers.
Si Charon reprend le mot de Dante ("Vous qui entrez, abandonner toute espérance"), Julie Berès, n'en n'exagère pas la noirceur. Car l'exception faite à Orphée est porteur de nouvelles promesses.
Sous la conduite de Geoffroy Jourdain, l'orchestre et les choeurs "Les Cris de Paris" n'enserrent pas la musique de Monteverdi dans une gangue passéiste, permettant à tous les chanteurs de vraiment vivre leurs personnages sans se soucier de retrouver l'exacte vérité historique du chant montéverdien, à la lisière de la renaissance et du baroque.
Le baryton Tomasz Kumiega donne ainsi à Orphée une véritable consistance héroïque. Son chassé-croisé avec Laure Poissonnier, Eurydice frémissante, structure cet "Orfeo" jamais compassé ni grandiloquent.
Cette soirée autour d'une partition que d'aucuns considèrent comme le premier chef d'oeuvre de l'opéra italien aura l'avantage d'être à la fois une initiation au genre pour les néophytes tout en fournissant aux connaisseurs une version mémorable bien servie par le travail rigoureux, discret et prometteur de Julie Berès. |