Réalisé par Philippe Lespinasse. France. Documentaire. 1h06 (Sortie le 18 mai 2016). Avec André Robillard.
Complice de Pierre Carles, Philippe Lespinasse ne fréquente pas que les réalisateurs incontrôlables. Il lui arrive aussi d'aller à la rencontre d'artistes peu communs, ces artistes qu'on range parfois commodément sous le label "art brut" depuis que Jean Dubuffet est passé par là.
Quand il interroge son client le plus intéressant, André Robillard, fabricant de fusils pour ne pas tuer et plutôt tirer dans les coins de l'imaginaire, Philippe lui demande s'il ne pratique pas aussi "l'art doux" et le bon Dédé confirme. On ajoutera que cet "art doux" est un art de doux dingue et qu'il mérite toute notre attention.
Précisément 64 minutes. Ce qui est bien peu et assez frustrant parce qu'on aimerait qu' "André et les Martiens" de Philippe Lespinasse dure bien plus longtemps et qu'on sait qu'il aurait pu dénicher d'autres beaux spécimens d'artistes faussement déjantés et vraiment raisonnables puisqu'ils se disent : "Si Michel-Ange l'a fait, pourquoi pas moi ?"
Et le résultat n'est pas la Sixtine et c'est tant mieux. Parce qu'on a plus besoin de bricoler des petits moulins qui tournent au vent sur des vélos volants qu'une nouvelle chapelle pour papes flagadas.
Dans sa belle balade au pays des anartistes, Philippe Lespinasse ne s'est pas contenté de faire la sortie ou l'entrée des hôpitaux psychiatriques. Il est même allé faire un petit tour dans la forêt québécoise. Histoire de voir un gars qui construit des cabanes plus profond qu'au fond de son jardin. Un gars qu'on verra dire une vérité définitive sur le pipi et le caca qu'il est bon dé découvrir dite par lui...
Mais, et le titre du film n'est pour une fois pas menteur, dans "André et les Martiens" de Philippe Lespinasse, la vedette c'est André Robillard. Là encore, on renvoie au film pour ménager le suspense sur son rapport à la Planète Rouge et aux petits hommes verts qui l'habite.
Ce qu'on peut révéler, c'est qu'André n'a peut-être pas le sens commun, mais que son bon sens vaut mieux qu'un sens giratoire. Il y a de la poésie dans l'air et bien des leçons de vie à grappiller en contemplant son arsenal de sulfateuses factices, de mitraillettes d'opérette et de flingos dingos.
Si l'on va faire aussi un petit tour sur le "net", même si c'est le flou qui le caractérise davantage, on aura la surprise de voir que même "Monsieur Wikipédia" et les galeries suisses s'intéressent à sa production d'armes. On y précise même qu'André Robillard a été fait Chevalier des Arts et Lettres en 2015.
C'est donc à un artiste respectable et médaillé qu'est consacré "André et les martiens" de Philipppe Lespinasse. S'il était question de médailler ce dernier, ce serait à coup sûr pour le décorer de l'ordre interplanétaire des documentaristes qui aiment les gens qu'ils filment. |