Le bégonia tubéreux est une des formes les plus courante des 900 espéces de bégoniacés. On peut généralement se le procurer par lot de trois ou quatre bulbes et pour moins de dix euros.
Ainsi, pour une somme modique et un entretien somme toute très limité, tout un chacun peu profiter de jolies fleurs doubles et colorées. Un effet toujours réussi, que ce soit en pleine terre ou en pot. De préférence à la mi-ombre.
Il est fort probable qu'un jour un de nos ancêtres creusant le sol pour y trouver quelque insecte ou racine à se mettre sous la dent, ait été tenté de croquer dans un de ces bulbes. L'inconnu étant souvent décevant, personne n'en disconviendra, l'échec fut cuisant. Bien plus tard, un industriel de l’agro-alimentaire se mit en tête de développer une boisson révolutionnaire combinant le lait et le jus d'orange. Le résultat, sans atteindre l'horreur gustative à laquelle tout enfant de plus cinq ans pouvait s'attendre, atteignait tout de même un bon 8 sur 10 sur l'échelle du Malibu-Coca de fin soirée.
Le mariage de la carpe et du lapin étant rarement un gage de succès, l'échec fut cuisant.
2007. Pologne. Un homme sort d'un cinéma de Varsovie. Le film d'animation qu'il vient de voir (Les Tortues Ninja) est une merde. Le seul intérêt qu'il trouve à ce navet étant la doublure voix d'un des personnages féminins. Il se renseignera, et il aura raison : cette voix, c'est celle de la jeune gagnante de la Nouvelle Star polonaise. Près de dix ans plus tard, il produira l'album de la jeune fille*.
Ce disque Clashes sera un subtil mélange de Lana Del Rey ("Dreamstreamextreme"), Woodkid ("Cant' Wait for war"), Emilie Simon ("Funeral"), Kate Bush ("Up in the Hill"), Björk pour le côté arty déjanté... Évidemment, l'échec eut été cuisant si l’ingrédient principal de cet improbable syncrétisme de pop culture n'était une jeune trentenaire talentueuse : Monika Brodka.
Au-delà d'une voix qui pourrait vous chanter le bottin, la demoiselle possède une solide culture musicale. Et même si certaines influences sonnent par trop évidentes, l'ensemble produit est cohérent. Clashes est de ces albums qui se révèle au gré des écoutes. Il est délicatement orné de petites pampilles sonores, et de détails choisis. Bien que jouant sur les ruptures ("Haiti" et son côté exotique, "My name is Youth" titre noisy et saturé...), il propose néanmoins des singles en puissance ("Horses").
Si l'inconnu ou l'expérimentation sont souvent synonymes de déception, la règle n'est heureusement pas sans exception. Brodka, qui est une découverte pour moi, en est la preuve. Écouter Clashes, c'est croquer à pleines dents dans un bulbe de bégonia tout en buvant du Danao. Et aimer ça.
* : Tout n'est pas faux dans cette histoire invraisemblable.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.