Peplum, une histoire vraie
Comédie de Guillaume Clerice et Bastien Bernini, mise en scène de Benjamin Gauthier, avec Guillaume Clerice, Bastien Bernini, Mathilde Roehrich et Thomas Arnaud.
Entre "Spartacus" et "Ben Hur", un dandy moderne rêve d'un monde romanisé, où la toge remplacerait le costume-cravate. Mais l'habit ne fait pas le prêtre et, avant et après JC, les apparences continuent d'être trompeuses.
"Peplum, une histoire vraie" est une fantaisie sans prétention, bien écrite et latinement correcte. En trente minutes, elle trouve la durée idéale qui cadre avec l'extrême légèreté de son sujet.
L'occasion pour la petite troupe qui la crée d'amuser sans méchanceté. On peut l'assurer aucun animal sauvage et aucun chrétien n'y sera victime des Jeux du Cirque.
Acteur 2.0
Monologue dramatique écrit et mis en scène par
Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève interprété par Félicien Juttner.
Félix se présente comme un acteur qui n'a cessé de dégringoler. Des premiers rôles aux derniers, le voilà désormais contraint de "travailler". Mais dans le magasin d'électroménager où il échoue comme démonstrateur, un autre lui-même, plus arrogant, plus sûr de lui, plus mâchoires serrées, se met en travers de son chemin... virtuel
Car, c'est dans un écran de télé qu'il se fait face, et que le dialogue avec son double prend des proportions épiques... et métaphysiques. Le double numérique sera-t-il bientôt le maître de son "humain" ?
"Acteur 2.0" permet à Félicien Juttner de déployer tous ses talents de comédien, qui n'ont rien à voir avec ceux de Félix. La "machine" dans lequel est insérée l'écran est pleine de ressources et propice à quelques gags bien trouvés.
Une fantaisie qui sait s'écarter des allers-retours prévisibles entre Félix et sa projection diablement collante.
La Main de Leïla
Comédie dramatique de Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker, mise en scène de Régis Vallée, avec Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker et Azize Kabouche.
Ambiance algéroise et cinématographique dans cette version des "Mille et une Nuits" où Schéhérazade s'appelle Samir et le Sultan Leïla, et dans laquelle Samir raconte chaque nuit un film hollywoodien à Leïla.
"La Main de Leïla" se présente comme un extrait d'une œuvre plus longue et c'est donc avec un délicieux sentiment de frustration qu'elle s'achève pour l'instant... Heureusement, précédemment, on aura été emporté dans un univers fantasmagorique où, par le simple récit de Samir racontant le film de Michae Curtiz, on sera à l'intérieur de "Casablanca", pellicule où Humphrey Bogart tient une boîte très courue.
Volontairement typés les personnages ont quelque chose de Pagnol, revu et corrigé par un Michel Boujenah qui aurait appris la sobriété. Menée par la faconde de Kamel Isker, cette promenade poétique et fort réussie dans un Orient mythique où le cinéma a remplacé la lecture, touche par ses ruptures de ton.
Aïda Asgharzadeh, en femme libre dans un monde masculin machiste, et Azize Kabouche, condamné volontaire à jouer moult personnages, le soutiennent efficacement dans cette proposition joyeuse, émouvante et vraiment originale.
Un dimanche après Drucker
Création collective des Soirées Plaisantes dirigée par Guarani Feitosa Avec en alternance Olivier Berhault, Clément Beauvoir, Moustafa Benaïbout, Pierre-Antoine Billon, Barbara Bolotner, Rosa Bursztein, Louise Coldefy, Johann Cuny, Guarani Feitosa, Roman Kossowski, Julien Lecannellier, Gabriel Ibanez Weill…
Des soirées comme celles que l'on découvrira dans "Un dimanche après Drucker", tout le monde en a vécu quel que soient l'époque et le lieu. Il se trouve qu'ici, sans apparemment beaucoup d'efforts, les joyeux drilles des "Soirées plaisantes" se sont glissés dans la peau de "bobos" qu'ils incarnent, verrines en main et curcumin en bouche.
On aura donc le droit, qu'on le veuille ou non, à beaucoup d'avis experts sur la nocivité des produits ménagers ou sur les dangers alimentaires.
Mais, et c'est toute la force de l'écriture des "Soirées Plaisantes, "Un dimanche après Drucker ne se contente pas de rester dans un époustouflant constat d'époque et sait bifurquer dans le "non sense" et l'absurde. Et cela grâce à un "bébé" qui doit bien chercher dans les "70 kilos".
A l'instar de Jerry Lewis jouant les enfants en culottes courtes et en costume de marin, on aura ainsi le droit à une têtée d'anthologie d'un bébé cherchant le sein de son père barbu.
Attention, il faut s'attendre à pouffer franchement et sans retenue, d'autant qu'au rire fin de la première partie succèdera dans un deuxième temps celui de la grosse farce homérique. À ne pas manquer.
Conférence et goûter surprise
Comédie dramatique écrite et interprétée par Clément Aubert, Romain Cottard, Paul Jeanson et Arnaud Pfeiffer.
Pièce ambitieuse, "Conférence et Goûter surprise" a quelque chose de pirandellien et s'interroge sur ce qu'écrire ou faire du théâtre veut dire.
Certains trouveront le quatuor très pédant, d'autres, par-delà leurs bons mots et leurs interrogations, verront surtout une pléiade d'acteurs-auteurs élégants qui, même s'ils leur paraissent peu loufoques, pratiquent un humour à froid qui ne court pas actuellement les plateaux de café-théâtre.
Evidemment, c'est encore décousu et brut de décoffrage, mais la promesse que cache cette forme interactive, qui peut partir en vrille comique dans tous les sens, c'est la possibilité d'un spectacle qui fonctionne encre mieux sur une durée plus longue que les trente minutes d'une capsule.
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