Lecture-concert avec Marie Modiano, Peter Von Poehl et Jason Glasser.
Marie Modiano (récitante et chant), Peter von Poehl (guitares) et Jason Glasser (contrebasse) partent "Sur les chemins de Patti Smith" dans une création musicale dédiée à l'icône rock.
La formule dessinée par le trio autour de "la pythie" du rock échappe heureusement à l'hommage appuyé et au concert de reprises.
Des textes de Marie Modiano et d'auteurs qui ont inspiré Patti Smith (Charles Beaudelaire, Arthur Rimbaud, Jean Genet, William Blake...) s'entremêlent, tandis que Peter Von Poehl et Jason Glasser habillent les mots de notes, inspirées des Doors ou des Them.
La mise en musique de Peter von Poehl est à la hauteur des attentes au regard du talent du chanteur suédois, et l'harmonie entre les artistes est palpable, cependant cette lecture musicale ne séduit pas totalement. La faute n'est pas tant due au choix d’œuvres qui ne seraient pas adéquates, qu'à une forme d'absence qui s'installe tout au long de la représentation.
Certes les textes évoquent le fantôme de Patti Smith, mais on ne retrouve ni l'univers visuel de l'artiste new-yorkaise, ni sa poésie. On erre entre son histoire et son oeuvre, mais l'impression s'installe que jamais on ne la croisera.
"Sur les chemins de Patti Smith", au-delà de ses qualités et de ses défauts, révèle à quel point l'aura de Patti Smith déborde sur son oeuvre. Sans son interprétation habitée, ses chansons n'ont pas la même saveur. Sans connaissance de la personnalité de la new-yorkaise, ses clichés noirs et blancs bucoliques ne renvoient plus autant de poésie, voire paraissent bien naïfs.
La lecture musicale de Marie Modiano, Peter von Poehl et Jason Glasser semble avant tout nous dire que l'oeuvre de Patti Smith n'existe qu'à travers elle-même, contrairement à celle d'un Lou Reed, d'un Bowie ou d'un Prince qui ont essaimé tout au long de leur carrière. Certainement n'était-ce pas le but recherché, mais peut-être les artistes ont-ils été dépassé par la personnalité incandescente de celle qui les a inspiré. |