Grande surprise de se voir proposer de chroniquer le nouveau disque d'un groupe qu'on associe aux années 60 et 70. Aux Etats-Unis, en pleine beatlemania, les quatre garçons du groupe, réunis sur casting et connus pour former un des premiers boys band de l'histoire, vendent plus d'albums que les liverpuldiens. Après s'être affranchis de l'influence de leurs producteurs, mais pas de celle du LSD, Micky Dolenz, Davy Jones, Michael Nesmith et Peter Tork commencent à chanter leurs propres compositions.
L'influence des Monkees sur la pop n'est pas des moindres puisqu'on retrouve sur cet album des chansons écrites par le gratin de la pop américaine et britannique. Le premier single, joliment enlevé, "She makes me laugh" a été écrit par Rivers Cuomo de Weezer. Quant au second, "You bring the summer", brillant comme un rayon de soleil, c'est Andy Partridge, leader de XTC, qui l'a composé. On retrouve aussi Paul Weller et Noel Gallagher derrière le très Mod's "Birth of a Accidental Hipster", dans lequel les voix de Mike et Micky se répondent comme au temps où les Byrds leur écrivaient des morceaux. "Me & Magdalena" de Ben Gibbard (Death Cab For Cutie) met, pour sa part, en avant toute la fragilité de la voix de Mike.
Au-delà de cet hommage par les grandes plumes pop des années 80 et 90, cet album est aussi construit à partir de matériaux bien plus anciens. La démo de "Good Times", qui donne son nom à l'album, a été écrite en 1968 par Harry Nilsson, qui leur avait écrit "Daddy's song" chanté par feu Davy Jones. Ce sont les bandes de l'époque qui ont été utilisées, additionnées d'un enregistrement récent de Micky Dolenz pour la voix. Bobby Hart, du duo Boyce and Hart, auteurs pour les Monkees dès leurs début, est encore présent avec "Whatever's right", chanson dont la production pourtant récente retrouve tout le charme vintage des enregistrements les plus connus du groupe. Davy Jones (celui à cause duquel le chanteur anglais de la fin des années 60 David Jones a été obligé de prendre le pseudonyme David Bowie), pourtant décédé en 2012, est aux lead vocals sur "Love To Love" écrite par Neil Diamond, à partir d'un enregistrement des années 70.
Que ce soit Peter Tork sur "Little Girl", Mike Nesmith ou Micky Dolenz, tous montrent une fabuleuse maîtrise de leurs voix, même à 70 ans passés, dans cet album produit avec beaucoup de délicatesse par Adam Schlesinger, de Fountains of Wayne et auteur sur le disque du magnifique "Our own world".
Au-delà du retour des Monkees, alors que des archives existent encore et auraient pu être déterrées, ou de l'hommage rendu par des auteurs plus jeunes, si l'on prend un vrai grand plaisir à l'écoute de Good Times !, c'est surtout grâce à la cohérence de l'album, la sensibilité et la joie qui en émanent, qui font de ce disque un digne successeur des premiers enregistrements du groupe.
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