Evocation biographique de Jean-Jacques Abel Greneau, mise en scène de Katy Grandi, avec Modeste Nzapassara, Patricia Varnay et Jean- Jacques Abel Greneau.

Avec "Afrika Mandela", l'auteur dramatique et comédien Jean-Jacques Abel Greneau propose une immersion dans le combat mené par Nelson Mandela sous forme de biopic idéologique.

Se situant pendant la longue période d'incarcération de celui-ci, elle se présente comme un hommage hagiographique au Prix Nobel de la Paix et premier président de la République d'Afrique du Sud, et une évocation sulpicienne du leader de la lutte contre la ségrégation raciale, l'oppression et la pauvreté.

Déconnectée de la réalité contemporaine relayée notamment par des écrivains tel Kgebetli Moele ("Chambre 207"), cette évocation constitue une ode au rêve de "Madiba", descendant des "natives", celui d'une Afrique pacifiée et humaniste, une utopie entendue par le peuple noir comme une promesse - hélas - non concrétisée.

Ce rêve est devenu un mythe pour les générations post-apartheid confrontées à une situation plus désastreuse encore depuis que la minorité blanche a concédé la gouvernance politique. Car elle a conservé le véritable pouvoir, le pouvoir économique, et l'Afrique du Sud est devenue un des pays les plus inégalitaires au monde.

Conçue à partir du poème sur un enfant noir victime de l'oppression blanche mais esprit immortel "qui crie Afrika", oeuvre de la militante afrikaner anti-apartheid Ingrid Jonker lue par Nelson Mandela lors de son investiture, et de la lutte de ce dernier pour une "Afrika arc-en-ciel porteuse d’espoir et de réconciliation entre les peuples", la partition se présente comme un monologue ardent émaillé de quelques brèves scènes dialoguées faisant intervenir tant un personnage fictif de journaliste que des personnalités historiques dont Winnie Mandela (Patricia Varnay) et Pieter Botha (Jean-Jacques Abel Greneau).

Sous la direction de Kati Grandi, dans une scénographie minimaliste, plateau noir et cloison pénitentiaire, avec les très belles lumières de Fouad Souaker sublimant les visages, Modeste Nzapassara livre, avec justesse et maîtrise, sans effet d'acteur et évitant l'écueil du lyrisme échevelé, une superbe interprétation de la parole incarnée.