Réalisé par Paul Calori et Kostia Testut. France. Comédie musicale. 1h25 (Sortie le 6 juillet 2016). Avec Pauline Etienne, Olivier Chantreau, François Morel, Loïc Corbery, Julie Victor, Clémentine Yelnik, Vladimir Granov et Laure Crochet-Sernieclaes.
Que des bonnes nouvelles dans ce film porteur enfin d'un peu d'air frais au cinéma français !
En effet, "Sur quel pied danser" de Paul Calori et Kostia Testut est un premier film original et réussi. Ses auteurs-réalisateurs le définissent comme une "comédie musicale et sociale" et on ne les contrariera pas.
Pour en revenir à la cascade de bonnes nouvelles, on mettra d'abord à leur crédit d'avoir mis en tête d'affiche Pauline Étienne. La jeune comédienne belge, révélée par "Le bel âge", qui fut à la fois "la Religieuse" de Diderot dans la version de Guillaume Nicloux et Amélie Nothomb dans "Tokyo Fiancée" poursuit sa brillante carrière. Elle joue sans problème la petite prolote sans boulot qui en trouve enfin un... en plein plan social...
Dès lors, le suspense est à sa comble, dans une atmosphère jamais catastrophiste malgré l'enjeu : Pauline-Julie décrochera-t-elle son CDD avant que l'usine de belles chaussures colorées ne parte vers des cieux capitalistes plus propices au profit maximal et aux salaires faméliques ?
"Film social", "Sur quel pied danser" adopte un ton léger et chantonnant pour traiter d'un problème grave... et, autre miracle, y réussit pleinement. Même Manuel Valls et Myriam El-Khomri trouveront du charme à cette fable et seront contents que tout finisse par s'arranger sans appliquer de 49.3 ni de loi pour faciliter ce qui ne se passera pas finalement dans le film...
Si le film atteint sa cible, c'est aussi qu'il ne se contente pas de développer quelques personnages principaux, parmi lesquels on se réjouira de retrouver Clémentine Yelnik, comédienne trop rare à l'écran et qui apporte ici son univers poétique. Car il donne aussi à chacun de ses nombreux protagonistes jamais épisodiques (stylistes, camionneurs, petits mains, etc) un quelque chose d'intéressant à jouer.
Ici, le social passe par le collectif, la grêve, la manif, la fête et la chanson.
Dans "Sur quel pied danser" de Paul Calori et Kostia Testut, la partie musicale n'est pas une partition monocorde où les airs se ressemblent et où lon finit par chercher les "tubes" potentiels qui se distingueraient des autres morceaux plus ternes.
Le principe a été de confier les chansons à des auteurs différents et de les faire chanter par les acteurs eux-mêmes. Parmi les chanteurs et les compositeurs, des noms confirmés et talentueux (Jeanne Cherhal, Olivia Ruiz, Albin de la Simone, Clarika) cohabitent avec des moins connus prometteurs (Agnès Bilh, Polo, Jean-Jacques Nyssen, Olivier Daviaud).
Cohérente malgré cette diversité, la partie musicale est pleine de jolies pépites qui nourrissent ce film malgré tout sans concession. On aimera aussi que les deux jeunes cinéastes n'aient pas négligé le cœur de leur sujet : ainsi, on saura tout de la fabrication d'une chaussure haut de gamme et l'on comprendra pourquoi il était nécessaire de faire renaître une chaussure au nom prédestiné : "L'insoumise".
On n'en dira pas plus, pour éviter que trop de compliments entraîne la compréhensive méfiance d'un spectateur sollicité par tant de chefs d'oeuvre qui accouchent d'un téléfilm. Ce n'est évidemment pas le cas de "Sur quel pied danser" de Paul Calori et Kostia Testut.
Franche réussite, comédie parfaite pour l'été et pour que les luttes à venir soient portés par des chansons, ce film redonne confiance autant dans le combat social que dans le cinéma français ! |