Comédie dramatique de John Murrell, mise en scène de Marthe Vandenberghe, avec : Marthe Vandenberghe, Patrick Seminor (ou Jean-Christophe Armand.
Créée et adaptée par le grand Georges Wilson, avec la très éthérée Delphine Seyrig, dans le rôle-titre, "Sarah" de John Murrell revient au Festival d’Avignon, portée par Marthe Vandenberghe.
Au soir de sa vie, à Belle-Ile, la célèbre Bernardht, quittant sa chancelière du boulevard Péreire, affronte les derniers soleils sans ombrelle.
Son factotum, le dévoué et têtu Pitou, l’accompagne. Dans un jeu de mémoire et d’enfance, elle retrouve les fulgurances de sa longue vie : mère hostile et toute-puissante, amants-comètes, maternité clandestine, triomphes aux Amériques, déchéance physique…
La légende mérite ses soins. Autant écrire ses Mémoires que de tout abandonner à la biographie faussement inspirée. La pièce, charmantement naïve parfois, sentant son bon gros garçon texan consciencieux, n’évite pas écueils, poncifs, mais, tenue par la mise en scène exigeante et le jeu de Marthe Vandenberghe, permet de restituer une Sarah Bernhardt émouvante, humaine, fragile, impitoyable avec elle-même.
On prend de plus en plus de plaisir à écouter les capricieuses envolées de l’ "Aiglone" rythmée par les claudications de sa jambe de bois. Que n’a-t-on pu entendre les vers de Phèdre dits par cette femme-là !
Marthe Vandenberghe incarne une belle Sarah, juste, arrogante et touchante à la fois, torturant avec délices le bon Pitou, dont l’excellent Patrick Seminor restitue la rondeur, l’enfance, la fausse indignation, avec drôlerie et émotion. Dans les jeux de la réminiscence, il deviendra même l’Oscar Wilde du crépuscule ou le terrible organisateur de spectacle de la tournée Sarah outre-Atlantique.
En grands professionnels, ces deux-là savent vraiment évoquer, charmer, séduire enfin. Bravo. |