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Théâtre de la Verdière  (La Rochelle)  dimanche 17 juillet 2016

Il y a tellement longtemps que je veux vous parler de Camille Hardouin. Depuis mon premier concert en fait, en mars 2015, au Zèbre de Belleville… c’est vous dire !

Ce soir, je me lance parce que je profite d’avoir le cœur gonflé d’amour et de musique, ça me paraît plus facile, comme si des mots avaient fleuri pendant la nuit, dans mon jardin devenu trop sec par le monde qui nous entoure au quotidien. Heureusement que la musique existe, et que les concerts existent, et que les auteurs existent !

Mes mots n’auront pas l’éclat de ceux de la Demoiselle qui n’est plus Inconnue, mais si, par magie, ils pouvaient dessiner un manteau de fleurs pour envelopper l’artiste qui ose, pour nous, se mettre à nu, alors je me dirai qu’à mon tour j’ai eu raison d’oser.

Ses textes sont bien au-delà du poème et sa signature vocale leur donne une couleur qui me rappelle la grandeur de Lhasa de Sela. Son tout nouveau spectacle, que j’ai vu hier au Théâtre Verdière des Francofolies de la Rochelle, est un OVNI de la scène musicale française, ça envole très haut et en fait, il est Identifié  cet "Objet Volant", c’est le projet de Camille Hardouin.

Le choix des instruments habille à la perfection l’univers tantôt onirique ou surréaliste de Camille. Entre légèreté pour la flûte ou gravité pour la contrebasse, les morceaux sont accompagnés par Louise et Jean-Laurent. On croit pénétrer dans un autre monde qui nous est dessiné, selon les titres, par un croquis humoristique ou par une peinture hyperréaliste, mais l’histoire est souvent la nôtre, celle de notre voisin(e) ou celle d’un proche, et l’uppercut survient quand on ne l’attend pas.

J’ai parfois eu les larmes aux yeux dans un concert, il m’est même arrivé de pleurer (plus rarement) à chaudes larmes. Hier après-midi j’ai sangloté, oui, sangloté de bonheur !

Quand on suit son blog, on peut se nourrir de sa prose incomparable, de ses dessins et de poèmes glanés çà et là, de mots qui vous caressent l’âme et vous la recentre au bon endroit, par exemple avec ce texte de Dan Fante, "Pour la Dame à la raie sur le côté" :

"Il y a cet ancien fantôme dans 
mon
placard
ça fait un siècle que je le garde
au calme
comme 
un secret que l'on murmure
en attendant patiemment de voir une tremblante lueur 
le trahir
J'ai traîné mon secret de maison en maison
et d'épouse en épouse
pendant les hivers de ma vie
jusqu'à 
ce jour
Alors voilà mon secret - au grand jour
Je n'ai vraiment aimé personne
jamais eu vraiment rien à foutre de
qui que ce soit
ou quoi que ce soit
à part moi
jusqu'à ce jour
jusqu'à toi"

Et puis hier soir, il y a eu ce texte, écrit voilà quelques mois par La Demoiselle qui était Inconnue, mis en musique juste pour nous, juste parce que le monde, cette semaine encore, venait nous plonger dans l’horreur, sur la Baie des Anges : "La bergère d'oubli :

"C'est la nuit
je marche sur les toits
je prends tous les cauchemars de la ville
qui sortent en se tordant des cheminées
je les tresse en un long bouquet
je suis un anti-père Noël.
J'ai mes longues jambes de vent
J'ai mes yeux qui ne se reposent pas
J'ai mes mains qui bougent plus vite que le chagrin.

Je marche sur les toits de la ville 
j'enlève doucement les cauchemars
à la place je mets l'oubli
l'oubli comme cadeau
pour une nuit noire
pour croire qu'on n'a pas rêvé
pour faire un répit
Je sais qu'en offrant ça je donne aussi le matin
le sursaut de l'incroyable dégoût
et toute la remontée du chagrin
d'un chagrin trop grand pour un seul corps vivant.

Je les vois, le matin, assise sur la colline
le soleil qui rougit d'être encore là
la plupart du temps il préfère pleuvoir
ne pas se lever.
Le brouillard levé jusqu'au menton
NON, NON, NON, dit-il en secouant sa grosse tête de feu.
Et je vois tous les gens qui se réveillent
qui font semblant de n'être pas réveillés.
Qui ne se lèvent pas.
Qui ont les yeux ouverts et le corps immobile
comme leurs morts
mais eux sont vivants-vivants
et ils pensent à leurs morts immobiles
et la violence du chagrin inouï
les reprend comme un étrangleur

Moi sur la colline je surveille mon troupeau de cauchemars
ils sont agités
c'est normal
je dis tout doux, tout doux
je joue tout doucement de la flûte
certains se pelotonnent et se calment
d'autres ne feront jamais ça

Je suis celle qui marche sur les toits
j'ai mes grandes jambes de vent
je vole les cauchemars partout où je peux
pour offrir un répit
toutes les nuits, toutes les nuits
je les tresse en un bouquet
au matin je les libère sur la colline
ils s'éparpillent un peu
mais globalement ils sont terrorisés
et ils restent sans trop s'éloigner, 
nerveux et tremblants

 pauvre, pauvre troupeau de cauchemars,
qui grossit, qui grossit, qui grossit

Je n'ai pas le cœur des hommes
je ne connais pas leur chagrin
et je ne peux pas l'enlever.
Mais mon rôle est de marcher sur les toits
de donner l'oubli pour quelques heures
et au matin, de garder mon troupeau de cauchemars
qui grossit, qui grossit, qui grossit."

Je ne sais pas si j’ai réussi à vous parler de l’univers de Camille, j’avoue avoir emprunté beaucoup de son vocabulaire, mais sans lui, je me sentais un peu démunie et j’avais un peu froid.

Je le dis, et le répète souvent, allez découvrir les artistes en concert, il y a tellement de surprises qui vous y attendent ! Et quand vous irez voir Camille Hardouin, les surprises sont des cadeaux précieux qu’il faut savoir accueillir avec bienveillance. Ils sont tellement rares ces cadeaux !

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Camille Hardouin
Le Facebook de Camille Hardouin

Crédits photos : Marie Destouet


Marie Destouet         
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