"Mais alors vous faites quoi?"
"De la chanson pas chantée"
"Ben, vous chantez pas alors ?"
"Non"
"Ben c'est pas d'la chanson alors ?"
"Ben si, c'est d'la chanson pas chantée, t'es con ou quoi?"
L'introduction de Badaboum commence comme un clin d'œil à cette spécialité française de placer les choses dans une case. Loïc Lantoine et le contrebassiste François Pierron n'échappent pas à la règle mais ne se posent plus la question. Badaboum est bel et bien un album de chansons. Des chansons singulières, il est vrai. Les deux compères ont leur univers poétique et musical et nous trimballent au gré des mots réalistes de Loïc et de la contrebasse fracassante de François.
Pour Loïc Lantoine, l'histoire musicale commence en 1999, un peu par hasard. Une collaboration avec Alain Leprest pour un album de Jehan - Les ailes de Jehan - lui permet de faire "ses premiers pas dans le boulot", comme il dit. Viennent ensuite la rencontre avec François et ce premier concert qui en appelle déjà beaucoup d'autres…. Depuis, les deux lascars ne se quittent plus, écrémant les bistrots parisiens et de province, les salles plus grandes et les festivals.
Puis vient la rencontre avec les Têtes Raides qui débouchera non seulement sur une belle amitié mais également sur Badaboum, album rare et précieux produit par Mon Slip, label du groupe parisien. Loin de la simple retranscription de leurs prestations scéniques, les chansons prennent le large au contact des copains de passage, les Têtes Raides bien sûr mais aussi Jean Corti, accordéoniste de Brel et compositeur de l'emballant Manneken Pis. Les membres de la Rue Ketanou, collègues de la première heure, participent également à ce "grand bazar".
Tout au long des 14 titres de l'album, la voix de Loïc et la contrebasse de François nous livrent des histoires, celle du "Mauvais ouvrier", de "Majid", du "Capitaine de Marie-Salope" et exhortent le côté punk qui sommeille en chacun de nous. Les chansons défilent et, peu à peu, on se laisse embarquer pour un voyage dont on ne reviendra pas indemne. La richesse des sonorités et du rythme nous enivre et fait "Badaboum" dans nos têtes. Inutile ici de chercher une comparaison fumeuse avec tel ou tel artiste, il n'y en a pas. Ils sont singuliers sans être élitistes, poètes sans être chiants, électriques en restant acoustiques et portent le verbe haut sans être prétentieux. Des artistes attachants et généreux comme on en voit peu.
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