Réalisé par Sang-HoYeon. République de Corée. Action. 1h58 (Sortie le 17 août 2016). Avec Gong Yoo, Kim Soo-Ahn, Yu-mi Jeong, Ma Dong-seok Ma, Choi Woo-Shik, Ahn So-hee Rôl et Eui-Sung Kim.
Que de zombies dans ce "Dernier train pour Busan" du coréen Yeon Sang-ho. Même dans les films du rénovateur du genre George A. Romero, la longue série des "Nuits des morts-vivants", on n'en avait jamais vu autant.
Ici, c'est par grappes compactes qu'ils s'agglutinent pour s'accrocher au dernier wagon du déjà fameux "Dernier train pour Busan" et pour l'empêcher d'entamer son cauchemardesque périple.
La Corée du Sud n'en est pas à son coup d'essai dans un cinéma de genre qui mélange film gore ou fantastique et film catastrophe. On se souvient de "Snowpiercer" de Bong Joon-ho.
Ne lésinant ni sur les moyens ni sur les effets, le film de Yeon Sang-ho est une espèce de synthèse parfaite de toutes les réussites du genre qui l'ont précédé. On saura gré au réalisateur de ne pas copier ses maîtres ni de les reprendre en y ajoutant cette dérision si chère aux petits maîtres qui jouent les grands malins.
Travailleur minutieux, sachant réutiliser les détails qu'il expose, il ne donne jamais le sentiment de la virtuosité gratuite. Il ne s'autorise pas davantage ce second degré qui fatigue très vite quand, comme dans "Dernier train pour Busan", la répétition incessante des attaques de morts-vivants est assumée. Yeon Sang-ho préfère s'appliquer dans l'art subtil de la variation en distillant, ici et là, de petites touches humoristiques qui évitent d'aller vers le grotesque et le grand-guignol.
Les Coréens, pris dans la tourmente ferroviaire, meurent beaucoup sans qu'il soit utilisée des tonnes de sauce tomate ni que giclent des torrents de sang. Le passage du statut - difficile ô combien à préserver - d'humain à celui finalement plus reposant de mort-vivant ou de mort tout court se font ici souvent de manière elliptique.
Pareillement, les rescapés sont bien les plus emblématiques pour créer une nouvelle humanité, mais la leçon n'est pas assénée comme les films-catastrophes américains d'antan avec un moralisme envahissant.
Pour que le mal ne triomphe pas définitivement, il faudra tout simplement que le peuple coréen, symbolisé par des collégiens assez courageux, des traders, des grands-mères s'unissent malgré les stratagèmes très vicelards d'un capitaliste pur et dur.
On retiendra donc aisément le "message" de ce Dernier Train pour Busan" de Yeon Sang-ho et l'on suivra avec plaisir et sans réticence ces distrayantes bagarres entre humains et zombies. On constatera toute la maîtrise de Yeon Sang-ho qui réussit l'exploit de ne jamais ennuyer avec une histoire qui pourrait vite paraître répétitive et tourner à vide.
Au contraire, les deux heures passées à bord du "Dernier Train pour Busan" filent à toute allure, dans ce qui restera sans doute comme l'un des chefs d'oeuvre du genre.
A voir sans crainte !
|