Réalisé par Philippe Lioret. France/Canada. Drame. 1h38 (Sortie le 31 août 2016). Avec Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan, Marie-Thérèse Fortin, Pierre-Yves Cardinal, Patrick Hivon, Lilou Moreau-Champagne et Milla Moreau-Champagne.
Philippe Lioret est peut-être, depuis la mort prématurée de François Dupeyron, le dernier représentant d'une des composantes majeures du cinéma français.
En effet, il appartient à ce que d'aucuns, imbus de leur diplôme d'auteur attribué par quelques revues de cinéma qui font toujours la pluie et le beau temps même si elles ont cessé d'avoir le lectorat d'un site comme celui-ci, appelaient les "artisans" du cinéma. D'autres osaient ajouter le mot "honnêtes" devant "artisans".
C'est ainsi que, comme dans ses précédents films, Philippe Lioret vise d'abord à raconter une histoire, à développer les sentiments qui lui correspondent et a la haute ambition de ne pas ennuyer en montrant sur l'écran une part d'humanité.
Pour son huitième film, il a eu, en plus, une idée géniale : celle de ne pas faire appel à Vincent Lindon, ni à un autre acteur très connu. Lui qui a la réputation de savoir faire jouer les "stars" du moment s'est, pour une fois, abstenu d'en utiliser un ou une. Ce n'est pas faire offense à Pierre Deladonchamps, vu vraiment chez Guiraudie où il a obtenu un César pour "L'inconnu du lac", qu'il n'est pas encore "bankable" et que son charisme ne dépasse pas son entourage.
Et pourtant, c'est lui qui est le "fils de Jean" et qui l'incarne avec une belle sensibilité, et si l'on voulait se faire pardonner, on lui trouverait cette timidité fragile prête à exploser qui était la marque de fabrique du jeune Jean-Louis Trintignant.
En quête d'un père qu'il n'a pas connu, il apprend par un appel en provenance de la Belle province québécoise que celui-ci était de là-bas et qu'il vient de mourir... Dès lors, il n'a plus qu'un but : aller sur les pas de ce père disparu et surtout en profiter pour connaître les deux frères dont il apprend par le coup l'existence.
Evidemment, en traversant l'Atlantique, il ne va pas trouver vraie la vérité toute cuite qu'on lui raconte et, même si on peut tout comprendre très vite, c'est avec une émotion pleine de chaleur humaine qu'on met ses pas dans ses pas pour que tout finisse par s'éclaircir enfin...
"Le Fils de Jean" de Philippe Lioret produit du pathos, c'est incontestable, mais ce pathos est presque "dialectique" : il conduit à mieux accepter son sort tout petit... et propose comme modèle ce garçon qui a eu l'immense courage de s'intéresser à cette vérité qu'on lui demandait de ne pas vraiment chercher...
Si Lioret s'est débarrassé de Lindon et compagnie, on lui saura gré d'avoir utilisé la fine fleur des acteurs québécois, à commencer par l'immense Gabriel Arcand, impressionnant de bout en bout, et qu'on connaît même si on n'a vu qu'un ou deux films québécois, qui ont de fortes chances d'avoir été tourné par son frère Denys.
Le "couple" qu'l forme avec Pierre Deladonchamps est formidable et il ne faut vraiment pas être bien clair, ou vouloir que la surprise imaginée par les scénaristes fonctionne jusqu'au bout, pour ne pas deviner le pot-aux-roses avant le protagoniste français.
On prévient donc les étourdis qu'il vaut mieux prévoir des kleenex pour passer un bon moment avec "Le fils de Jean" de Philippe Lioret. Ce cinéma populaire ne mérite pas les blâmes habituels ni le mépris qu'on saura hélas lui affecter si les spectateurs adoubent cette histoire pleine de ces grands sentiments qui font du bien et dont on aurait tort de se priver.
Il faut donc remercier Philippe Lioret d'avoir essayé, comme à chaque fois, de rendre une copie propre et sincère, loin de toute volonté démagogique.
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