Monologue dramatique d'après la nouvelle éponyme de Stefan Zweig interprété par Laetitia Lebacq dans une mise en scène de Denis Lefrançois.
Cette lettre c’est celle, anonyme, que reçoit un jour en Autriche au début du siècle dernier, un célèbre écrivain avec ce titre énigmatique "A toi qui ne m’a jamais connu…"
Elle est écrite par celle qui l’a aimé en secret, depuis qu’elle l’a vu pour la première fois, alors qu’elle habitait dans le même immeuble avec ses parents. Pendant quinze années, même si leurs chemins se sont croisés à plusieurs reprises, elle n’a jamais réussi à se faire aimer de lui.
Laetitia Lebacq seule en scène joue avec vivacité l’adolescente de 13 ans puis se transforme en femme amoureuse et passionnée au destin tragique. Voix légère, diction rapide, elle déroule à cent à l’heure le texte de Stefan Zweig à la manière d’une course d’obstacles avec un jeu allant parfois jusqu’à emprunter à la Commedia dell’arte.
Ne reculant devant aucune prouesse, elle ajoute même une dimension chorégraphique à cette "Lettre d’une inconnue" par des tableaux tout en intensité et embarque littéralement le spectateur dans ce récit-fleuve.
La mise en scène soignée et esthétique, résolument moderne de Denis Lefrançois est une belle réussite. Sur une scénographie superbe de Muriel Lavialle, Denis Lefrançois a choisi plusieurs espaces pour rejouer le destin de cette femme.
A gauche, son bureau où elle écrit. De l’autre côté, un rideau de toile en milieu de scène pour séparer le premier du second plan, correspondant aux souvenirs. C’est habile. Ce même rideau servant également à projeter quelques sobres images.
Les puristes pourront légitimement se demander pourquoi apparaissent soudain un néon ou un micro à main dans ce décor, mais l’essentiel est de constater que le texte est lui complètement respecté.
L’ensemble est de belle facture et on applaudit la performance de la comédienne qui ne ménage pas son énergie et se livre totalement dans ce drame haletant. |