Réalisé par Derek Cianfrance. Etats Unis/Grande Bretagne/Nouvelle Zélande. Drame/romance. 2h13 (Sortie le 5 octobre 2016). Avec Michael Fassbender, Alicia Vikander, Rachel Weisz, Bryan Brown, Jack Thompson, Emily Barclay, Anthony Hayes et Caren Pistorius.
Les précédents films de Derek Cianfrance, notamment "Blue Valentine" et "The Place beyond the Pine"s laissaient à penser qu'il y avait chez ce réalisateur prometteur une propension à aller vers le mélo. Ceux qui en doutaient en seront donc pour leurs frais avec Une vie entre deux océans qui renoue avec la tradition du genre.
Bien sûr, il faudra affronter les habituels ricaneurs à qui on ne la fait pas et qui craignent surtout de se faire avoir par une histoire faite pour ça et de ne pas être capable de retenir leurs larmes...
Eh oui, il sera préférable de se munir d'un paquet de mouchoirs en papier, voire de deux, pour résister au drame qui se joue sur ce phare du bout du monde, où Michael Fassbender, plus marmoréen que jamais, et Alicia Vikander, qu'on suit sur Froggy Delight depuis "Pure" de Lisa Langseth son première film suédois, abritent leur lourd secret.
On se doute qu'il sera si lourd qu'il ne pourra les mener qu'à l'enfer que connaît aussi Rachel Weisz, que le malheur a la bonne idée de rendre encore plus belle et désirable dans cette quarantaine rayonnante où elle s'engage.
"Une vie entre deux océans" de Derek Cianfrance raconte un après-guerre qui ne se caractérise pas par la douceur. Hanté par l'idée qu'il ait survécu alors que tant d'autres braves gars, aussi droits et dignes que lui, sont désormais sous terre, Michael Fassbender-Tom Sherbourne attend un prétexte pour expier son crime d'être vivant. La fatalité et un scénario bien tordu vont lui fournir une sacrée belle occasion de payer son statut de survivant au prix fort.
Grands sentiments, passions coupables, dilemmes cornéliens, êtres au grand cœur et au destin terrible, voilà le programme à la fois alléchant et éprouvant qui attend le spectateur capable de se hisser au niveau compassionnel nécessité par les grands mélos.
On félicitera encore une fois le cinéaste de n'avoir eu aucune réticence, aucun frein pour mener sa barque vers des flots aussi tumultueux. Au contraire, on restera admiratif devant ce qu'il ose et réussit en 2016.
Servi par trois acteurs magnifiques, "Une vie entre deux océans" de Derek Cianfrance atteint des sommets de pathos sans frôler un seul instant le ridicule. Peut-être manque-t-il un peu de la décontraction qui seyait aux mélos flamboyants de Douglas Sirk, mais, pour une vraie première sur ce terrain miné où le grotesque ne tient qu'à une mimique surjouée ou un plan déplacé, le résultat ne mérite aucun contestation. |