Comédie française, écrite, mise en scène et jouée par Philippe Caubère.
Quand on a vu "La Danse du Diable", on n'a qu'une idée en tête : voir au plus vite "Le Bac 68", deuxième volet des aventures de Ferdinand Faure, alias Philippe Caubère.
Dans les précédents chapitres, celui-ci était encore un tout jeune garçon du début des années 1960, à l'imagination débordante, qui, une fois la porte de sa chambre fermée, convoquait tout un tas de personnages, comme le général de Gaulle, Mauriac ou Malraux, dialoguait avec eux, pour oublier une mère bien plus qu' "envahissante".
C'est cette dernière qui est omniprésente dans le récit du "Bac 68", tout au moins dans sa première partie. Mère méditerranéenne, digne de celles qui fleurissent dans les deux continents qu'elle sépare, elle est la matrice de tous les personnages maternels qui feront la fortune des comiques à venir, comme Gad Elmaleh, Les Laroque-Palmade, Michel Boujenah et tant d'autres.
Dans ce spectacle qu'il joue depuis plus de quarante ans, Philippe Caubère interpelle parfois le public pour s'interroger sur ses quatre décennies passées et pour rappeler qu'il y a longtemps il ironisait sur la possiblité qu'un de ses spectacles puisse traverser le temps sans dommages.
C'est pourtant ce qui arrive et l'on ne s'étonne plus qu' un public de tous les âges puisse être également concerné, même si certains ne comprennent pas la majorité des allusions concernant des personnages historiques dont ils ne savent pas énormément de choses, voire rien du tout.
Ce qui frappe, c'est l'énergie de Caubère, la maîtrise toujours égale avec laquelle il entraîne chaque spectateur dans son ailleurs personnel. On rit franchement, d'un beau rire sain, qui n'a pas besoin de passer par une connivence sociale ou ethnique pour se déclencher.
Quand arrive la seconde partie du spectacle, celle précisément où le héros passe son bac et se retrouve devant son examinateur, on est mûr pour un moment d'absolu délire, pourtant fondé sur le vieux truc de l'élève ignare qui va débiter avec un toupet absolu des bêtises plus grosses que lui.
Devant disserter en géographie sur la Sibérie, Ferdinand atteint des sommets, tutoie des massifs d'idiotie. Ce qui ne pourrait être que grotesque est transfiguré par le talent puissance mille de Caubère.
Le spectateur est devant lui, pantelant et médusé car il sait, sans être un spécialiste, qu'il peut déjà dire à la cantonade : "j'y étais". Il peut aussi avoir la certitude que "Le Bac 68" est désormais un classique qui l'accompagnera encore pendant de longues décennies.
Dire que c'est admirable et à ne pas manquer est la moindre des choses. |