Réalisé par Todd Solondz. Etats Unis. Comédie dramatique. 1h28 (Sortie le 19 octobre 2016). Avec Greta Gerwig, Zosia Mamet, Julie Delpy, Kieran Culkin, Danny DeVito, Ellen Burstyn, Tracy Letts et Keaton Nigel Cooke.
Depuis son premier film "Bienvenue dans l'âge ingrat" (1996), Todd Solondz a toujours fait preuve d'un réjouissant mauvais esprit inlassablement prêt à franchir les bornes du politiquement correct américain.
C'était particulièrement le cas avec ses films suivants, "Happiness" (1998) et Storytelling (2002) ; Si l'on avait été moins convaincu par ses deux derniers films, avec "Le Teckel", on le retrouve enfin au mieux de sa forme et de sa mauvaise foi.
Film à sketches, "Le Teckel" a pour fil rouge un brave toutou que l'on suit de maître en maître, de l'animalerie où jeune chiot il a été choisi par une famille de bobos pour "réconforter" leur fils en pleine chimio, jusqu'à son ultime réincarnation, dont on taira la surprenante forme pour ne pas dévoiler l'ultime gag bien morbide concocté par le réalisateur-scénariste.
Dans "Le Teckel" de Todd Solondz, on utilise le même principe que dans "Au hasard, Balthazar" de Robert Bresson, sauf que le quadrupède n'est pas un baudet mais un cabot, et que le chemin christique vécu par l'âne bressonien n'a pas grand-chose à voir avec les aventures chaotiques et croquignolesques du chien solondzien.
De Julie Delpy, en franco-américaine pleine de bonnes intentions mais aussi pétrie de belles certitudes sur les méchants chiens qui s'appellent "Mohamed", à Ellen Burstyn, extraordinaire en vieille dame au bout du rouleau et pas très fan du genre humain, Todd Solondz a dessiné une sacrée galerie de portraits au vitriol qui auront désormais des places de choix dans son univers sardonique et déjantée.
On distinguera la performance de Dany DeVito dans un sketch où le teckel frôlera le plus funeste des destins. Professeur de cinéma dans une école de cinéma où s'appeler Schmerz commence à poser des problèmes, DeVito paiera cher d'avoir survécu aux années 1970 sans connaître la gloire de Mel Brooks ou de Woody Allen.
Aux accents d'une musique country qui ressemble à du Johnny Cash, l'épopée de ce chien errant dans un monde erratique finira par émouvoir les cœurs les plus secs.Ceux qui savent, depuis l'expertise de W.C.Fields, qu'un homme qui n'aime ni les animaux ni les enfants est forcément un gars bien.
Avec son cynisme sans méchanceté, "Le Teckel" de Todd Solondz est donc un vrai film animaliste, un viatique pour les partisans du salutaire ricanement face aux larmes éternelles suscitées par toute condition vivante. |