Monologue dramatique écrit et interprété par Caroline Loeb dans une mise en scène de Axel Lutz.
Le texte de "Françoise par Sagan" est composé d'extraits de "Je ne renie rien", un recueil d'entretiens que Françoise Sagan a accordés à la presse entre 1954, après la parution de son premier roman "Bonjour tristesse" et 1992. Sur scène, les entretiens sont identifiés comme autant de saynètes qui se clôturent par quelques notes de musique et un fondu au noir. Françoise Sagan raconte donc, dans un premier temps, comment elle a déposé son premier manuscrit chez Plon et chez Julliard, la hâte de René Julliard de l'éditer, puis le début de la renommée. Il y a d'abord la critique qui s'emballe et l'intérêt des journaux, Le Figaro, Paris Match ou encore Elle, pour la jeune romancière. Sagan, qui n'est pas encore majeure, devient le premier auteur people. Elle doit faire face aux sollicitations venues de toute part. Dans le même temps, elle dépense des fortunes au cours de sorties durant lesquelles elle s'enivre de whisky. Dans la France de 1954 où une femme, même mariée, ne peut disposer de son propre argent, elle paye tout en liquide. Elle achète une jaguar, et envoie des billets de banque à des inconnus en réponse à des courriers. "Le petit monstre" a le débit rapide, fume cigarette sur cigarette, aime roule vite et faire la fête. Ensuite, tout en évoquant l'écriture, ses exigences, ses difficultés et ses enjeux, Sagan revient sur cette image qu'on a bien voulu lui faire porter, qui s'est transformée en un masque qu'elle a essayé de façonner au plus proche de son propre mode de vie et qu'elle a porté durant de nombreuses années. Françoise Sagan, authentique derrière le masque évoque aussi l'argent, sa passion du jeu et sa vision de l'amour. Caroline Loeb campe une Sagan qu'on reconnaît par sa coupe de cheveux, ses postures nerveuses et sa manière saccadée de parler. Cependant elle ralentit le débit des paroles de la romancière, laissant ainsi le texte occuper l'espace du plateau souvent plongé dans un clair-obscur propice à la confession. Le texte, élaboré à partir d'interviews, est vivant, proche du registre de la conversation. Plus que le style, c'est la pertinence de Françoise Sagan sur les différents sujets, ses mots d'esprit et ses fulgurances qu'on retient. Caroline Loeb fait preuve d'une présence scénique forte, dirigée avec précision par Alex Lutz, chaque geste vient souligner les paroles de l'écrivain. Les lumières d'Anne Coudret aident aussi à créer cette atmosphère de proximité qui donne de l'importance à chacun des mots.
Après George Sand dans "George Sand, ma vie, son oeuvre", Caroline Loeb nous fait découvrir par le biais de l'intime un autre visage de la littérature au féminin, mais aussi du féminisme, au travers des mots de Françoise Sagan, une femme qui s'est affranchie des codes de l'époque. |