Le groupe Plumes est centré autour de Veronica Charnley. Cette jeune canadienne anglophone a d'abord oeuvré avec Plumes Ensemble à partir de 2012, avant de poser ses bagages, pour l'instant, à Paris. Nous l'avons rencontrée du côté de la place de la République pour évoquer son projet à la fois ambitieux et bien particulier.
Quel est ton parcours ?
Veronica Charnley : J'ai été nourrie à la pop. Enfant, je n'ai pas pris de cours de musique, et j'ai eu peu d'ouverture vers la musique classique. C'est en arrivant à Montréal à 21 ans, pour étudier le chant à l'université, que j'ai vraiment découvert le classique et le jazz. J'y ai aussi rencontré des musiciens et des compositeurs, dont Geoff Holbrook. Il a trouvé que mon style musical était vaste, et pas spécifique à un genre particulier. Nous avons donc commencé à écrire des chansons qui permettaient le mariage entre la composition classique et le format pop.
Le choix d'arrangements classiques aurait pu venir d'un habillage des chansons en studio. Il faut donc comprendre que ta démarche est différente.
Veronica Charnley : En effet, le squelette mélodique des morceaux est composé à partir d'instruments atypiques dans un contexte pop rock. Mais c'est une démarche qui est d'abord égoïste. C'est parce que c'est ce que j'ai envie d'entendre.
Aujourd'hui tu vis en France. Pourquoi ce choix ?
Veronica Charnley : J'étais déjà venu deux fois grâce au Conseil des Arts du Canada dans le cadre de programmes d'écriture musicale. Mon professeur, Vincent Declerq, m'a acceptée bien que je n'écrive que des chansons, alors que son cours concerne les arrangements d'instruments classiques. Je suis donc une étudiante un peu particulière pour lui. Il a développé une méthode d'enseignement uniquement pour moi. Il m'aide dans ce travail autour de la pop. Je cherche à établir un "crossover". Je cherche vraiment à se faire rencontrer les deux genres. Je ne sais pas encore si j'y parviens vraiment, mais c'est un défi excitant.
Certains groupes travaillent régulièrement avec des instruments classiques, par exemple Tindersticks ou The Divine Comedy. Comment te situerais-tu par rapport à eux ?
Veronica Charnley : J'ai écouté les Tindersticks. Leurs chansons ne sont pas composées dans l'esprit d'un morceau de classique. Et je ne connais pas The Divine Comedy, il va falloir que j'écoute.
Le classique a été ma forme de rebellion. Les babyboomers ont eu le rock'n'roll avec The Rolling Stones, et moi je suis remontée dans le temps beaucoup plus loin en m'intéressant à Bartok.
Autour du travail des cordes, vois-tu une différence entre le Canada et la France ?
Veronica Charnley : En effet. C'est d'ailleurs peut-être une chance. Au Canada, et à New-York où j'ai vécu 5 ans, on faisait nos répétitions de manière traditionnelle, avec les partitions. En France, la connexion émotive est mise en avant. Le groupe et moi avons travaillé avec un metteur en scène qui nous a même demandé de nous lancer dans des improvisations sans nos instruments. En répétition, ce sont moins les notes qui nous importent que les atmosphères et les images qui se dégagent de la musique.
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