Comédie de Georges Feydeau, mise en scène de Anthony Magnier, avec Marie Le Cam, Stéphane Brel (ou Lionel Pascal), Solveig Maupu, Agathe Boudrières, Eugénie Ravon, Gaspard Fasulo (ou Xavier Martel), Xavier Clion, Mikael Taieb et Anthony Magnier (ou Julien Jacob).
Oser Feydeau. Après tous les autres.Oser les difficultés du Vaudeville, qui, comme le Peuple, prend une majuscule. Succomber au plumeau du "dépoussiérage" ou à la descente en crypte de la "revisitation" ?
D’abord, plus de portes qui claquent. De l’"Open-space". Le général Irrigua est en kilt, le valet, remplacé par une chambrière, la Théorie du genre a balayé les conventions. Les hommes paraissent un peu lisses, les femmes, en représentation. Patatras ? Eh bien, non !
Feydeau, vieux marionnettiste invisible, caché dans les cintres, retend les fils au bout d’une demi-heure et la bonne vieille mécanique, enfin huilée, cesse de grincer. La mise en scène élaborée d’Anthony Magnier cède le pas à la frénésie indispensable et à la gravitation.
L’histoire de "Un fil à la patte" : Monsieur de Bois d’Enghien, amant de la Gauthier, redoutable divette, doit rompre avec celle-ci, se mariant le soir-même. Commence une journée de dupes et de quiproquos.
La troupe de la Compagnie Viva : de formidables comédiens qui, après le dégel, donnent le maximum d’eux même : Solveig Maupu, excellente en baronne-belle-mère, vraie nature comique et révélation, Eugénie Ravon, vieille fille en tapisserie, irrésistible, Mikaël Taïeb, Bouzin très drôle, condensé de Robert Hirsch et de Christian Hecq, ou encore Anthony Magnier, truculent Général (malgré la jupe). Stéphane Brel expose une plastique convaincante et incarne un Bois d’Enghien inhabituel.
Feydeau fonctionne. Il ne vieillira pas, servi par tant de jeunesse et d’enthousiasme. Un joyeux moment de folie réinventée.
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