Comédie policière de Frédéric Bouchet d'après un roman de John Wainwright, mise en scène de Yann Chevalier, avec Jean-Michel Bazin, Thierry de Pina, Camille Mutin et Maxime Proust. En quelques "plans", l'affaire sera entendue : tout le monde aura reconnu la parenté de "Désigné coupable" avec "Garde à vue" de Claude Miller. Et pour cause, la pièce et le film sont tous les deux adaptés du même roman, "Brainwash" de John Wainwright. Mais l'adaptation de Frédéric Bouchet pour la scène n'a pas pour but, comme celle de Claude Miller et de Jean Herman pour l'écran, d'aboutir à face à face de monstres sacrés. Ici, dans le bureau de l'inspecteur Toulouse, un notable soupçonné de meurtres et de viol de fillettes va être questionné - à charge - par deux policiers sans qu'on y voit une poursuite par d'autres moyens de la sempiternelle lutte des classes. Dans "Désigné Coupable", on n'est pas dans l'idéologie et dans la guerre sociale, mais plutôt dans une ambiance digne des "Maîtres du mystère", émission mythique de France Inter qui fait toujours office de madeleines chez les plus de cinquante ans et qu'on décrira pour les plus jeunes comme la quintessence du polar radiophonique, auquel d'ailleurs se réfère côté US le roman de John Wainwright. Comme dans ces pièces radiophoniques d'antan, on ne s'ennuie jamais et les coups de théâtre abondent au point qu'il ne faut pas trop chercher la petite bête question invraisemblances. "Désigné coupable" est ainsi un parfait divertissement du samedi soir et peut compter sur les prestations de ses quatre comédiens, tous à fond dans leurs rôles et qui savent qu'il n'est pas question de surjouer ou de jouer second degré des personnages plutôt découpés à la hache. On remarquera pourtant l'humanité de l'inspecteur Toulouse (Jean-Michel Bazin), la fragilité qui tourne à la faiblesse de l'accusé Georges Bergerot derrière sa carapace de notable qui sait prendre des coups (Thierry de Pina), l'ambivalence des sentiments d'Edwige Bergerot (Camille Mutin) et la brutalité du malgré tout sympathique brigadier Berthil (Maxime Proust), tous parfaitement dirigés par Yann Chevallier. On peut dire qu'il redonne un coup de jeune, pour ne pas écrire de la modernité, à ce vieux genre jamais mort qu'est la comédie policière. Sans avoir besoin d'y voir une critique sociale, "Désigné Coupable" est un spectacle à recommander pour passer une très agréable heure et demie de pur divertissement. |