Réalisé par Valérie Müller et Angelin Preljocaj . France. Drame. 1h52 (Sortie le 16 novembre 2016). Avec Anastasia Shevtsova, Veronika Zhovnytska, Niels Schneider, Jérémie Bélingard, Juliette Binoche, Aleksei Guskov, Sergio Diaz et Miglen Mirtchev.
"Polina, danser sa vie" de Valérie Müller et Angelin Preljocaj appartient à cette catégorie de films de plus en plus nombreux tirés de bandes dessinées, en l’occurrence celle de Bastien Vivès au titre éponyme.
Ce "roman graphique" de presque deux cents pages qui conte le parcours d'une petite fille russe, Polina, qui veut devenir danseuse classique en intégrant l'école de ballet du Bolchoï, perd peut-être un peu de son mystère en passant à l'écran, mais il fournit un beau scénario pour un film vraiment consacré à la danse.
Co-réalisé par un chorégraphe célèbre, Angelin Preljocaj, "Polina, danser sa vie" commence par une étude quasi-documentaire, à l'instar de celle qu'on a vu récemment dans "Graine de Champion" de Victor Kossakovski et Simon Lereng Wilmont, sur l’exigeante formation d'un petit "rat" russe.
Mais alors que la route de Polina paraît toute tracée vers le Bolchoï, elle va bifurquer et l'emmener vers des chemins chaotiques et des années d'errance dans le monde de la danse sous toutes ses formes avant de trouver sa voie.
Ce sera ainsi l'occasion pour le spectateur d'assister à de nombreuses séances de répétitions, de la danse classique à la danse contemporaine, du hip hop à toutes sortes de fusions entre les genres. Rarement, un film aura aussi généreusement filmé sans a priori tous les styles et essayé de faire comprendre à tout le monde, et pas seulement aux initiés, ce que danser veut dire.
Polina, que l'on suivra à plusieurs âges de sa vie avant qu'elle prenne les traits convaincants d'Anastasia Shevtsova, considère très vite la danse autrement qu'une discipline, un métier. Elle y voit une ascèse et surtout une manière de s'exprimer, de dire son rapport au monde.
Elle n'est pas un modèle que l'on va façonner esthétiquement, un corps que l'on va sculpter pour répondre aux exigences d'une œuvre. Bref, elle est faite pour être chorégraphe. Si elle croise, à ses dépens, l'inévitable Nils Schneider, elle aura la chance de rencontrer Juliette Binoche, sous les traits de Liria Elsaj, dont le nom n'est pas sans évoquer celui d'Angelin Preljocaj...
"Polina, danser sa vie" de Valérie Müller et Angelin Prejlocaj n'est pas exempt de clichés (profs tyranniques, danseurs rivaux...), mais offrira une porte d'entrée point trop didactique dans le monde de la danse à ceux qui en ignorent l'essentiel. Les initiés prendront néanmoins du plaisir à suivre de nombreux moments de danse.
En tout cas, cette belle histoire qui se suit sans déplaisir n'est pas à bouder. |