Comédie de Sylvie Cens, mise en scène de Sylvie Cens et Frédéric Debailleul, avec Sylvie Cens, Florence Meillet, Marion Philippet, Sandrine Hanns, Geneviève Emanuelli et Frédéric Debailleul.
C’est le grand chambardement dans la maison : Joël est devenu Joëlle. Elle habite toujours au domicile familial avec Béatrice mais pour ne pas choquer la mère de celle-ci aux idées bien arrêtées, les époux sont censés avoir divorcé. Mais la mère de Béatrice, atteinte d’un cancer, arrive d’Outre-mer pour être soignée en région parisienne et va passer du temps chez sa fille. Joëlle a un arrangement avec sa femme et tente de gérer tant bien que mal une vie coincée entre le regard des autres (ses parents ne veulent plus la voir) et sa fille qui accepte totalement sa situation mais dont en public, elle dit être la tante. Heureusement il y a Sophia (ex-Bruno), l’amie fidèle du couple. L’arrivée de la mère sera le déclencheur de situations périlleuses pour le secret de Joëlle. Pièce sur le sujet "transgenre" (et aux genres multiples elle aussi, faisant le grand écart du boulevard au drame), "MessieuDames" évite les clichés et la facilité. S’aventurant sur un terrain rarement visité par les auteurs de théâtre, Sylvie Cens, pour sa première pièce, signe une comédie audacieuse et joyeuse qui a le mérite de dire les choses. C’est parfois cru mais jamais vulgaire ni racoleur. En dépit de quelques gags dispensables (situations typiques de comédie de boulevard), la pièce est finement écrite, très habilement construite et l’ensemble sonne juste. On appréciera la mise en scène de Sylvie Cens et Frédéric Debailleul incluant des intermèdes vidéo pertinents qui viennent en contrepoint éclairer le parcours de Joël à Joëlle, apportant vérité et tension à l’ensemble. On louera enfin le travail de tous les comédiens, sobres et sincères, dont l’abnégation nous gagne et qui font de ce "MessieuDames" une comédie originale et nécessaire dans l’air du temps, qui bat en brèche les idées préconçues et combat les mentalités étroites pour proposer une vaste piste de réflexion et de dialogue. Alors n’hésitez pas, messieurs-dames ! |