Avec "Tous à la plage ! - Villes balnéaires du 18ème siècle à nos jours", la Cité de l’Architecture et du Patrimoine
présente une exposition qui n'est pas "sui generis" mais l'avatar d'une étude scientifique sur l'évolution et les conséquences de l'essor des villes balnéaires en termes d'urbanisme et d'environnement.
Sous le commissariat général de Bernard Toulier, Conservateur général honoraire du patrimoine, les commissaires associés Corinne Bélier, Emilie Regnault et Franck Delorme, de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine,
ont réuni quatre centaines de documents iconographiques, peintures, maquettes et objets pour dresser un panorama à large spectre de l’histoire des villes balnéaires en France.
Elle se décline en trois temps - l'invention de la villégiature, l'essor des grandes vacances à la mer et les villes balnéaires de demain - et une succession de sections thématiques qui embrassent tous les aspects tant architecturaux et historiques que culturels constituant une longue déambulation dans un environnement bleuté.
Des bathing machines aux cités lacustres, la plage dans tous ses états
L'exposition a été judicieusement conçue pour intéresser tant les acteurs de l'architecture et de l'urbanisme, étudiants et professionnels, avec moults plans, études techniques et maquettes, que le grand public sur un sujet ressortant à l'histoire sociétale qui se lit, en l'occurrence, dans les moeurs et le paysage.
Tableaux, photographies, affiches, extraits de films et objets scandent le parcours qui mène des premières cabines de bain hippomobiles à vocation thérapeutique inventées par les Anglais au milieu du 18ème siècle aux projets de villes flottantes futuristes telle la "Lilypad" pour réfugiés climatiques conçue par l'architecte belge Vincent Callebaut.
Ce raccourci fulgurant résume les deux siècles au cours desquels la côte naturelle s'est transformée en front de mer bétonné jusqu'à la saturation conduisant à l'intervention étatique de l'aménagement du territoire et à l'extension artificiel du littoral au moyen des marinas et cités lacustres comme celle de Port Grimaud.
L'exposition révèle de manière circonstanciée et illustrée, d'une part, comment s'est opérée la démocratisation d'une pratique de sociabilité mondaine et élitaire, celle de la villégiature des nantis du 19ème siècle pour aboutir aux droit aux vacances et au tourisme de masse des Trente Glorieuses.
D'autre part, comment la combinaison du progrès technique avec le développement du chemin de fer puis l'essor de l'automobile, ensuite amplifié par le progrès social avec l'instauration des congés payés et civilisationnel avec le concept de concept de société des loisirs, a déterminé et durablement impacté la construction des villes balnéaires.
Rien ne peut endiguer la marée humaine guidée par l'héliotropisme et les années 1960 voient l'émergence d'une alternative constituée par le camping et le caravaning à destination des classes populaires.
Cette traversée historique se clôt sur l'avenir avec les préoccupations actuelles liées à la biodiversité, l'écologie, la préservation de l'habitat naturel et la patrimonialisation des ensembles bâtis qui sont au coeur de la prospective architecturale contemporaine et de passionnantes projections futuristes de l'architecture utopique.
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