Il y a encore quelques années, nous nous extasions face au polymorphisme musical qui envahissait les ondes. Le R'n'B et le hip-hop se découvraient des atomes crochus avec la pop et l'electro et le monde criait au génie à chaque nouvelle partition hybride.
Fin 2016, la transition est complètement digérée et on ne s'étonne plus des mélanges des tonalités (c'est même l'inverse qui tend à surprendre), mais que reste-t-il aux artistes qui ont présidé à ce chambardement ?
Dans le cas d'Aluna Francis et George Reid, il est question de talent. Si les deux anglo-saxons n'ont pas cessé de squatter nos conduits auditifs à l'aide du remix de "You Know You Like It" remanié par Dj Snake, leur nouvel opus, I Remember, prend la forme d'un album longuement travaillé.
Plus assuré et plus confiant, le duo dessine des productions alternant des ambiances "chill" et "danceflooresque" ("Hold Your Head High", "Mean What I Mean").
Le ton mutin d'Aluna est toujours au rendez-vous et George souligne parfaitement celui-ci avec des productions plus joueuses que jamais. Et si le R'n'B issu des années 2000 est toujours au rendez-vous (c'est presque une signature), il accueille plusieurs éclats rythmiques empruntés à l'euro dance des années 90's ("Jealous"). L'electro n'est donc plus le seul moteur dissimulé derrière les productions de George.
D'ailleurs, c'est la diversité qui préside à cet opus. Si Aluna aligne toujours des refrains efficaces (aussi entêtants qu'ils sont simples à retenir), on apprécie la multiplicité des sons s'enchaînant sur un même titre ("Not Above Love"). Plus ancré dans une musicalité street que jamais, le duo aligne sans effort les tubes et ne connaît aucun ralentissement.
Mais il ne s'agit pas d'une réelle surprise puisque dès le départ, les singles "I'm In Control" et "Mean What I Mean" agissent comme un véritable power duo, porte bannière de cet appétant I Remember.
Tout en fluidité, le duo ne se remémore pas que des histoires d'amour fanées, mais toute la mythologie musicale qui est aujourd'hui l'épine dorsale d'AlunaGeorge. Du dancehall au R'n'B en passant par le dub et la pop, I Remember se découvre comme un hommage vibrant aux sous-cultures qui ont fait vibrer les jeunes années du duo. Donc, non on ne réinvente pas la roue, ni même l’eau chaude, mais la mécanique continue de tourner et le mercure n’a clairement pas l’envie de redescendre !