Réalisé par François Royet. France. Documentaire. 52 minutes. Avec Jean Lambert-wild.
"Il y a maintenant plus de quinze ans que je suis Jean Lambert-Wild et je me suis demandé ce qu'il y avait derrière ce curieux personnage".
"L'étoffe des rêves" de François Royet est donc tout sauf une commande pour faire un énième 52 minutes sur un créateur pris dans les affres de sa création. C'est avant-tout un exercice d'amitié qui a la pudeur de se faire passer pour un exercice d'admiration.
Pour le spectateur, les choses sont vite claires, qu'il connaisse ou pas le travail de Jean Lambert-wild, il ne sera pas ici question d'un homme de théâtre qui démontre qu'il est incontournable et qu'il appartient au cercle de ceux qui comptent.
Non, "L'étoffe des rêves", cette matière dont les hommes sont faits comme le disait ce vieux Bill dont il va falloir encore une fois servir le texte, est le portrait d'un homme qui vit son art à la fois comme une ascèse et comme une hypothèse de vie. Il y dépense son énergie et plus encore l'énergie de tous ceux qui ont la folie de le suivre. Avoir une vision, c'est la partager, semble dire Jean Lambert-wild à la suite de tous ceux qui ont quitté la terre ferme pour le bastingage des aventures tumultueuses.
Il faut vraiment féliciter François Royet qui réussit le tour de force de raconter en moins d'une heure comment est né le projet "Richard III, loyaulté me lie" et comment il s'est réalisé, tout en montrant par petites touches qui est Jean Lambert-wild. On le verra courir nu en haut du Piton de la Fournaise, assister à l'enterrement improbable de Richard III à Leicester, participer à un Godot mémorable.
"Si on arrive en haut de la montagne, on pourra contempler d'autres sommets" est-il dit quelque part dans "L'étoffe des rêves" de François Royet. C'est toute la philosophie excitante de Jean Lambert-wild qui se lit dans cette assertion et l'on prendra plaisir à mieux connaître cet escaladeur de parois culturelles qui n'a pas fini d'enfiler ses crampons pour tutoyer les neiges éternelles des plus grands textes.
Dans son habit de clown démaquillé, il porte en lui les rêves d'une décentralisation qu'il prouve ne pas être à bout de souffle, au service d'un public qu'il vaut le plus populaire possible.
Grâce au beau travail de François Rouet, ce pari n'est pas une utopie ni un combat pour un Don Quichotte limougeaud. |