Comédie de Georges Courteline, mise en scène de Henri de Vasselot, avec Antonine Bacquet, Agathe Trebucq, Maria Mirante, Florence Alayrac, Martin Jeudy, Marc Sollogoub, Henri de Vasselot et Marc Valéro. Après le succès des spectacles lyriques "Cosi Fan Tutte" et les "Contes d’Hoffmann", la troupe de L’envolée lyrique continue ses explorations musicales en adaptant une comédie de mœurs de Georges Courteline, "La Cruche", et en puisant cette fois-ci dans le registre de l’opérette et de la chanson populaire.
L’intrigue de La Cruche est typique de ce genre théâtral en vogue au fin du 19ème et début du 20ème siècle : Laurianne est l’amant de Margot et l’ami du peintre Duvernié mais en pince pour la voisine et maîtresse de ce dernier, la belle Camille, tandis que l’artiste a des vues sur la femme de son ami.
Agacé par sa maîtresse qu’il considère sotte et dépité de se voir refuser les palmes académiques, Laurianne va proposer négligemment à Duvernié de lui "refiler" la jeune femme sans imaginer que ce dernier va le prendre au mot. S’en suit alors une série d’imbroglios qui mettront à nue l’âme de chacun. En situant la pièce dans son époque par le choix des costumes et décors, mais également par le travail de diction des comédiens, et en agrémentant les scènes de chansons comme "C'est pas Paris, c'est sa banlieue" de l'opérette "Ciboulette" de Reynaldo Hahn, "J'suis bête" de Marie Dubas ou encore "C'est la vie de bohème" de Bourvil et Guétary, Henri Vasselot, le metteur en scène, offre une immersion réussie au temps des guinguettes et de l’impressionnisme, mais vient également mettre en lumière le caractère terriblement désuet et misogyne du texte.
Au fil du spectacle, les performances scéniques et vocales des comédiens et le travail conséquent de la troupe sur le tempo de l’intrigue permettent au spectateur de ne pas se momifier dans la naphtaline pour se laisser emporter par la drôlerie mais également la poésie de certaines scènes.
Florence Alayrac et Martin Jeudy sont particulièrement convaincants dans les rôles respectifs de Camille et Duvernié tout comme Agathe Trébucq qui incarne avec doigté "la cruche", là où d’autres comédiennes auraient été tentées de plonger dans la caricature et concourent à un divertissement plaisant. |