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puce Où les coeurs s'éprennent
Théâtre de la Bastille  (Paris)  janvier 2017

Spectacle d'après le scénario de films de Éric Rohmer, mise en scène de Thomas Quillardet, avec Benoît Carré, Florent Cheippe, Guillaume Laloux, Malvina Plégat, Marie Rémond, Anne-Laure Tondu et Jean-Baptiste Tur.

Désormais l'adaptation de films à la scène est devenu un genre en soi. Après "La Maman et la Putain" de Jean Eustache, les "Scènes de la vie conjugale" d'Ingmar Bergman et "Les Damnés" de Luchino Visconti", voilà le tour de deux films d'Eric Rohmer, "Les Nuits de la Pleine Lune" et "Le Rayon Vert" d'être "portés" sur les tréteaux sous le titre "Où les coeurs s'éprennent".

Encore une fois se pose, et cette fois-ci encore plus nettement que dans les précédentes expériences, le problème de la connaissance de l'oeuvre originale. Car avoir vu ou pas le film change bien plus la nature de la réception de l'adaptation théâtrale que pour une transposition d'un roman, par exemple.

Ne serait-ce qu'il y a des correspondances spécifiques entre le cinéma et le théâtre, que ce soit l'acteur ou la nécessité de dessiner un cadre, un espace scénique.

Si l'on prend "Les Nuits de la pleine lune", le jeu particulier, volontairement "lunaire" dans cette histoire marquée justement par l'astre nocturne, de Pascale Ogier, elle-même météore au destin tragique, reste en tête du spectateur. Comme la partition de son jeune partenaire, Fabrice Luchini, étincelant pour donner aux dialogues rohmériens leur saveur singulière.

Evidemment, si l'on ne connaît pas le film, on n'aura pas le sentiment d'une perte de substance en passant de Pascale Ogier, à peine actrice, à Anne-Laure Tondu, impeccable comédienne mais forcément piètre rohmérienne et, surtout, n'ayant pas nourri le personnage de ses propres mots comme c'était le cas de Pascale Ogier.

On n'aura pas non plus le sentiment d'un contresens à la disparition du décor alors que le conte moral d'Eric Rohmer reposait dans l'idée terre-à-terre de son proverbe "qui a deux maisons perd la raison". Il avait choisi d'inscrire concrètement son récit entre Paris et la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, pas de le rendre elliptique avec un petit train électrique pour matérialiser le passage d'un non décor à un autre.

Si l'on ignore toute l'importance pour Rohmer des décors, lui qui a écrit un essai sur l'espace chez Murnau, cinéaste "théâtral" ayant par ailleurs adapté "Tartuffe" et "Faust", on ne saisit pas les enjeux des "Nuits de la pleine lune", film très inscrit dans son époque, et l'on en reste à l'argument.

L'ignorant de Rohmer comme son admirateur devront donc se contenter d'une mise en scène très enlevée qui utilise astucieusement les comédiens pouvant jouer plusieurs rôles, et les garçons interpréter des filles et réciproquement.

Quand on passe, sans tambour ni trompette, et assez habilement des "Nuits de la pleine lune" au "Rayon Vert", on comprend tout de suite que ce second film, plus estival, plus coloré, est plus propice à une adaptation sans gros décor, d'autant qu'il est axé sur un seul personnage.

Comme Marie Rémond se met naturellement dans les pas de Marie Rivière, au point qu'on a l'impression qu'elle en copie parfois les mimiques geignardes, on n'est pas très loin du film. Thomas Quillardet semble d'ailleurs plus inspiré par la recherche de ce rayon vert propice à l'amour que par les conséquences de la pleine lune sur les amours compliqués d'une jeune bourgeoise francilienne.

Dès lors, les scènes s'enchaînent avec bonheur. Les repas fonctionnent autant que les scènes de plage et l'on s'amuse beaucoup, Thomas Quillardet poussant même le personnage de Delphine la "chieuse" plus loin que dans le film de Rohmer.

Pris dans le jubilatoire de cette combinaison formelle qui fonctionne vraiment bien, on en oubliera les réticences suscitées par la première partie du spectacle et le sentiment que l'on a de temps à autre que la transposition scénique de Rohmer n'était ni urgente ni nécessaire aujourd'hui.

Sauf, peut-être, pour redonner envie de revoir les films du Marivaux de la Nouvelle Vague et contribuer à faire comprendre qu'il avait créé un univers unique à la fois subtil et saugrenu, et avant-tout d'une grande liberté artistique.

 

Philippe Person         
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