C’est à la lisière des contrées, sur la margelle d’un puits démoniaque que nous emmène Vincent Fauche, talentueux façonneur d’Alice In Neverland. Le risque avec un nom pareil, c’est de rester au pays des petits lapins en queue de pie, gouverné par une reine de cœur particulièrement cruelle. Mais non, ce nouvel album se nomme L’île aux trésors. Allons-y !
Aux premiers murmures des clavecins, l’envie me prend de filer sans valise, aller hop, à l’aventure. Les premiers émois d’un grand départ se ressentent au travers de la mélodie "Building the town after doomsday, rising a sun" ("Visions"). Des trompettes claironnent dans ma poitrine, pleine d’espoir et d’élévation au-dessus des noirs nuages pollués.
L’album est un monde dans sa globalité, les paroles en anglais susurrent chaque étape, accompagnent l’auditeur jusqu’à l’inclure dans son univers. Et l’histoire se déroule, en cordes et en archers moelleux (en poils de poney véritable). Les quotidiens sans miséricorde n’effraient pas l’intrépide qui ose chercher son trésor. Les risques pris ne se mesurent qu’au bonheur trouvé, les tempêtes et les tornades écorchent le mât, "même pas peur" dirait Alice du fond de son terrier.
Au-delà de l’aventure contée en musique, Alice In Neverland constitue un recueil de contes philosophiques, étroitement liés au quotidien et ses vicissitudes. Que celui qui ne cherche pas son trésor jette la première pierre. Les claviers dominants et la voix feutrée de l’artiste enveloppent le brave voyageur d’une douce brume, mystérieuse et terrifiante.
Alice in Neverland te fera tomber de la margelle du puits, une chute rude et brutale au fond d’un trou creusé par nos semblables. Ne pouvant pas faire machine arrière, tu auras le choix entre avancer le long d’un lit asséché ou gémir sur ton sort sans bouger. Mais Alice a pensé à la lueur-du-bout-là-bas-qui-brille-devant, faisant naître une force toute néandertalienne pour relever ta carcasse avachie et bouger. Les premiers pas seront timides et hasardeux, puis la mélopée t’entrainera tour à tour dans les méandres d’un labyrinthe. Et c’est l’allure effrontée que tu te trouveras à la proue d’une caravelle battue par les vents. Effrayé, tu méditeras dans un cachot glaçant. Apaisé, tu gambaderas sur une lande fleurie, hilare.
Dans les faits, les paroles sont des mugissements élégiaques, tel un improbable cri du vent dans la serrure. Les mélodies envoûtent, tel un derviche en haut de forme tournerait dans votre espace personnel, avec de fougueuses accélérations et des ralentissements oniriques. L’univers est riche, grandement propice à l’évasion. L’île au trésor vous prend dans ses méandres labyrinthiques, si vous osez l’aventure, je vous invite à boire un thé aux épices redoutables. Oui, en queue de pie.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.