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puce Rétrospective Jane Birkin - Divertimento (La Belle Noiseuse)
Cinémathèque française  du 25 janvier au 11 février 2017

Un prénom et une initiale suffisent pour la chanter. De Jane B. on a tout aimé. Ses yeux bleus, candides et provocants, ses longs cheveux châtains, l’évidence de sa présence. Ses inquiétudes aussi, ses métamorphoses au fil des films.

Parmi toutes les étiquettes qu’on aurait envie de lui accoler, aucune ne semble parfaitement convenir ; échappée du Swinging London d’Antonioni, gracieuse petite Anglaise dans les films français, ambigüe androgyne de "Je t’aime moi non plus", on la retrouve aussi bien chez Claude Zidi que chez Agnès Varda ou Jacques Doillon.

Jolie bien sûr, grave parfois, ou traquée. Autant de facettes que la Cinémathèque française propose de découvrir au cours d’un hommage bien mérité avec en film d'ouverture "Divertimento", la version courte de "La Belle Noiseuse" réalisé par Jacques Rivette.

DIVERTIMENTO
Réalisé par Jacques Rivette. France. Comédie dramatique. 2h10 (Sortie septembre 1991). Avec Michel Piccoli, Emmanuelle Béart, Jane Birkin, Marianne Denicourt, David Bursztein, Gilles Arbona, Marie Belluc et Bernard Dufour.

Il était une fois un peintre qui en admirait un autre. Il l’admirait même tant qu’il lui confia la chose la plus précieuse qu’il eût sur cette terre : celle qu’il aimait. Elle serait son chef-d’œuvre, sa Belle Noiseuse, la Femme fascinante et insaisissable. Mais le peintre avait tort, car on n’offre pas impunément le corps et l’âme de la bien-aimée.

Du "Chef-d’œuvre inconnu", courte nouvelle de Balzac, Jacquette Rivette tira deux films. La version la plus connue, "La Belle Noiseuse", dure près de quatre heures ; "Divertimento", réponse à un impératif de production, est deux fois plus court.

Pourtant, contrairement à d’autres de ses films, Jacques Rivette n’a pas saboté au montage la "version courte" de "La Belle Noiseuse". Il en propose une variante, explorant ainsi la question qui était au centre du beau texte de Balzac : la finitude en art est-il possible ? Jusqu’à quel point une œuvre peut-elle être remodelée, retravaillée ?

Tout tourne autour de cette œuvre en gestation, à laquelle le vieux peintre Frenhoffer (Michel Piccoli) cherche depuis des années à donner vie. Cette vie, c’est une jeune femme qui la porte. Emmanuelle Béart palpite sous la lumière de William Lubtschansky, présentant aux yeux du peintre une chair insaisissable. Un corps qui ne se laisse jamais réduire, emprisonner sur le canevas de la toile, mais qui résiste, encore, de plus en plus, à la fixation artistique. Sans doute, la version de quatre heures donnait plus de temps à ce duel de la volonté entre l’artiste et son modèle, ce dernier à la fois complice et ennemi dans la recherche de l’être.

Mais justement, l’essence de cet être réside dans son refus de se plier à une volonté et à une main extérieures. D’abord utilisée contre son gré, "vendue" par son amant (David Bursztein), Marianne découvre l’irréductibilité de sa chair. Nue, dépliée, manipulée, crucifiée, elle reconquiert pourtant son corps, découvrant avec ravissement la puissance de ses membres, possédant l’espace autour d’elle.

C’est bien elle, l’œuvre qui au fur et à mesure se crée, mais une œuvre face à laquelle son Pygmalion est plus qu’impuissant, dérouté par la naissance qui se déroule sous ses yeux.

Le film repose essentiellement sur un quadrille. Deux couples se font face, deux générations, deux artistes. Mais alors que le personnage de Nicolas s’efface de plus en plus, dépassé par ce qui se passe dans l’atelier et l’apparition progressive de cette femme qu’il ne connaît pas, Liz, (Jane Birkin), la femme de Frenhoffer, ancien modèle, ancienne muse, demeure.

Artiste elle aussi, c’est même elle qui décrira le mieux l’opération artistique : faire les choses à tort et au travers. Passer la paroi de la chair pour arriver à l’âme est aussi son objectif : elle empaille des oiseaux et les met en scène.

Metteur en scène, elle l’est d’ailleurs aussi. La première, elle comprend que Marianne sera la Belle Noiseuse. Maîtresse d’un château immense, elle observe et agit sur ceux qui vivent sous son toit. Mais elle connaît aussi la douleur et la perte. Fantôme mélancolique, elle laisse l’empreinte de son pied nu sur une feuille blanche, seul signe de son passage. Son image, effacée pour être remplacée par le corps d’une autre, nous adresse pourtant un curieux sourire de l’au-delà.

Le temps n’existe plus. Ni le jour, ni la nuit. Il n’y a que ces êtres qui luttent, entre eux et contre eux-mêmes, qui font de leur mieux pour faire surgir quelque chose du néant. Spectacle merveilleux et rare, Jacques Rivette, de manière peut-être unique, donne à voir le processus de création artistique, sa puissance et sa faculté de destruction. Et, dans une chute à la Edgar Poe, laisse entrevoir la mort d’un artiste.

 

Anne Sivan         
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