Comédie policière de Ira Levin, mise en scène de Eric Métayer, avec Nicolas Briançon, Cyril Garnier, Virginie Lemoine, Marie Vincent et Damien Gadja.
Si l'on va au théâtre pour passer un bon moment et que l'on s'est lassé des vieilles recettes même réactualisées du boulevard, les pièces policières fournissent une vraie alternative. Genre plutôt radiophonique, le "théâtre policier" a connu ses grandes heures, parmi lesquelles on compte "Dix petits nègres" d'Agatha Christie et justement "Piège mortel" d'Ira Levin, par ailleurs auteur de "Rosemary's baby". Ce succès du genre a d'ailleurs été porté à l'écran par Sidney Lumet avec Michael Caine dans le rôle de l'écrivain assassin. Dans un décor unique, celui du grand bureau spacieux d'un auteur de romans policiers, c'est donc au tour d'Eric Métayer de remettre en scène le plan machiavélique de Sidney Brown, en panne d'inspiration qui attire dans son cottage un jeune confrère génial et inconscient pour lui voler son œuvre. Comme dans le film, l'adaptation de Gérard Sibleyras se garde de l'esprit de sérieux et c'est plutôt sur le registre de l'humour noir, voire du Grand Guignol, que se déroule "Piège Mortel". En roue libre, et s'amusant visiblement, Nicolas Briançon est immédiatement dans la peau de Sidney Brown. Il forme avec Virginie Lemoine un couple un peu endormi mais que le crime va bien réveillé. La mécanique imaginée par Ira Levin fonctionne efficacement. Sans doute, dans le premier acte, avant que pistes et fausses pistes commencent à s'accumuler, l'ambiance créée est assez proche de celle du "Limier". Le duo des deux romanciers et le tour imprévu qu'il prend, aboutit à une tension énigmatique qui rappelle celle du film de Mankiewicz. Mais "Piège mortel" est plus dans la distraction que dans la réflexion et abandonne assez rapidement la psychologie pour l'humour et le plaisir de bâtir une succession de "coups de théâtre" imprévisibles. Si l'on ne regrette pas ce tournant, on se laisse porter dans les méandres d'un récit qui s'éloigne peu à peu du vraisemblable avec, en point d'orgue, le rôle inénarrable de la voisine voyante (Marie Vincent).
Ce ne sera pas faire offense à Eric Métayer et à Gérard Sibleyras de dire qu'ils ont façonné un produit parfait pour un public venu se distraire et applaudir de bons acteurs. On prédit que le succès sera au rendez-vous de cet exercice de style léger et ludique. |