Spectacle de chansons caustiques conçu et interprété par Fréderic Fromet accompagné par les musiciens François Marnier et Rémy Chatton.
Si l'on était un peu taquin, on définirait Frédéric Fromet comme un "chansonnier engagé", ce qui est un parfait oxymore, puisque en général les chansonniers modernes sont plutôt de droite (cf. Jean Amadou, Bernard Mabille) et les chanteurs engagés plutôt de gauche. Malgré une voix qui ne cherche pas à concurrencer Luciano Pavarotti et une présence qui n'éclipsera pas celle de Jacques Brel, Frédéric Fromet captive sou auditoire. Evidemment, et il ne s'en cache pas, il a son public et il est clivant. Si l'on est fan de Laurent Gerra et de Michel Sardou, il vaudra mieux éviter de venir écouter ses petites bluettes méchantes et de "gauche". Même là, il vaudra mieux être un électeur socialiste, tendance Hamon, qu'une groupie de Manuel Vals ou de Jean-Luc Mélenchon. Participant, tous les vendredis après-midi, à l'émission de France Inter, "Si tu écoutes, j'annule tout" d'Alex Vizorek et Charline Vanhoenacker, il incarne assez bien l'esprit de la maison de la radio nationale. On pourra donc lui reprocher une certaine arrogance et la certitude d'être le naturel héritier de Pierre Desproges et le dépositaire d'un "rire intelligent", même quand il énonce des propositions discutables. Cela dit, les esprits tolérants qui voudraient prouver à Frédéric Fromet que ceux qui ne pensent pas comme lui ne sont pas forcément des imbéciles, prendront du plaisir à plus de la moitié de son spectacle, celle où il ne fait pas de "politique". Car, quand il ne se laisse pas aller à l'autosatisfaction d'un bobo content d'en être, et sachant se moquer (trop gentiment) de lui-même, il clive moins. Ses textes qui accumulent les petites observations du quotidien, sont assez delermiens (tendance Philippe pas Vincent). Il sait même jouer aux Bobby Lapointe modernes, dans un texte joliment troussé où il élimine les cédilles des mots, aboutissant à un petit bijou post-surréaliste. Très à l'aise avec des spectateurs avec qui il peut habilement échanger à brûle-pourpoint, Frédéric Fromet s'est constitué un public de fidèles qui connaissent ses textes par cœur et n'hésitent pas à revenir. Cette connivence gagne vite le néophyte, même si, comme on l'a signalé, il a des réserves sur le fond. Question affinités, on le sent nourri de l'esprit "Hara Kiri", avec une préférence pour les plus "bêtes et méchants", genre Reiser ou Professeur Choron. Il doit beaucoup aux grands anciens, tels Font et Val, et a bien assimilé "Chanson plus bifluorée" dont il reprend les principes parodiques. La petite heure et demie que l'on passe en sa compagnie est agréable au point d'en oublier - ou d'accepter - ses raccourcis idéologiques de "penseur médiatique".
Dans "Ça Fromet !", avec ses complices François Marnier, à l'accordéon et aux claviers, et Rémy Chatton, à la contrebasse et à la grosse caisse, Frédéric Fromet, qui gratte honnêtement la guitare, mérite d'être écouté et l'on se surprend à trouver le spectacle trop court, ce qui est bon signe. |