"If you’re already there, then you’re already dead, if you’re living in America"
Hang de Foxygen fait partie de ces disques rêvés pour les amateurs de blind test. Un succulent terrain de jeu pour celui ou celle qui aime les petits jeux de découvertes, reconnaître tel son de clavier, tel marche harmonique là, tel effet vocal, telle influence ici… Et Hang en est sacrément truffé.
Citer tous les noms de groupes ou de musiciens venant à l’esprit en écoutant ce disque, tous les effets de manche esthétiques reviendrait presque à citer soixante années de musique pop allant de Bowie aux Rolling Stones, des Beatles à Queen ou aux Beach Boys, de Muse aux Beatles ou Supertramp, de Broadway à Burt Bacharach ou MGMT, de Meatloaf à Todd Rundgren, des Sparks à Harry Nilsson ou Lou Reed, etc. Comme une gigantesque célébration de la pop sans le moindre second degré et détachement ironique. Foxygen faisant comme un enfant affamé et gourmand dans un magasin de bonbon piochant à l’envie et avec avidité des éléments musicaux.
Ce retour au Record collection rock, ce qui ici pourrait tourner à une vaste blague qui ne fait que trop durer est sauvé, exactement comme pour les Lemon Twigs (présents sur ce disque, juste retour des choses puisque Jonathan Rado avait produit leur album), grâce à des chansons, il faut le reconnaître, plutôt bien écrites et par des arrangements orchestraux à la touche très soul amenés par Matthew E. White et Trey Pollard. Des arrangements rappelant leurs travaux sur le disque de Natalie Prass.
Alors si l’on peut saluer l’évolution de plus en plus intéressante de l’écriture musicale tendant vers plus de détails et de baroque de Foxygen (après le surestimé We Are The 21st Century Ambassadors of Peace & Magic et le très très moyen… And Star Power), si l’on peut se marrer en écoutant Sam France en faire des tonnes (et singer Mick Jagger jusqu’à la moindre intonation ou gimmick vocal), avoir un petit sourire en comparant "Avalon" à "My Sweet Lord" de George Harrison (à un tel degré de ressemblance, cela dépasse largement la citation), "On Lankershim" à "Damn It Janet" (du Rocky Horror Picture Show…), "America" à une sorte d’ABBA grandiloquent, cartoonesque et Trumpien (donc totalement effrayant également), fouiller dans sa discothèque pour retrouver tout ce foisonnement musical on ne peut se défaire également de ce goût amer pour cette musique pop progressive trop référencée pour finalement vivre pour elle-même.
Une fascination nostalgique qui est également une façon maline de relancer les modes, et, revisiter les années 60 et 70 permet de résoudre (et de fuir) le dilemme d’une musique qui se doit de regarder vers le futur, futur qu’il faut construire. Et puis tout cela n’est pas très sympa pour ses petits camarades qui seront bien embêtés en 2050 pour trouver par quel bout prendre la musique pour un revival des années 2010…
Après tout ce temps confiné, l'impression d'une liberté quasi retrouvée n'a d'égale que la prudence avec laquelle il faut aborder ses semblables. En attendant des jours meilleurs, voici de quoi se mettre du baume au coeur avec notre petite sélection culturelle hebdomadaire.